Spécialiste des gaz industriels, Air Liquide mettra en service en 2026, près du Havre, un électrolyseur de grande capacité pour produire de l’hydrogène renouvelable et bas carbone. Un équipement qui contribuera à la décarbonation des industries locales, comme à la création d’une filière française pour la production d’hydrogène décarbonaté. En 2015, le groupe français avait déjà innové en équipant son usine de production d’hydrogène de Port-Jérôme d’une unité de captation cryogénique de CO2 unique au monde…

La plus importante usine de production d’hydrogène décarboné en France

Air Liquide
Air Liquide Normand'Hy

Avec Normand’Hy, Air Liquide voit les choses en grand. Et toujours en Normandie. Le projet, que le Groupe pilote depuis 2020, vise à mettre en service un électrolyseur de 200 mégawatts pour produire de l’hydrogène renouvelable et bas carbone dès 2026 sur la ZAC de Port-Jérôme. Il utilisera la technologie PEM (Proton Exchange Membrane) de Siemens Energy. “ Beaucoup plus souple que la technologie alcaline classique, elle s’adapte très bien à un fonctionnement basé sur un approvisionnement en énergies renouvelables, qui induit des intermittences ”, souligne Stéphane Vialet, directeur de Projets de Transition Énergétique en Europe du Sud-Ouest pour Air Liquide.

Dotée d’une capacité de production de 28 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone par an, il s’agira de la plus importante usine du genre en France – et l’une des principales au niveau mondial. L’hydrogène décarboné qui en sortira viendra en partie suppléer et compléter l’hydrogène que le Groupe produit chaque année en Normandie, tout en évitant 250 000 tonnes d’émissions de CO2 par an.

Qu’est-ce que l’hydrogène renouvelable ou bas carbone ?

Actuellement, l’hydrogène est principalement fourni par vaporeformage de gaz naturel. Ce procédé implique l’émission de gaz à effet de serre (CO2). L’hydrogène renouvelable est, lui, produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, fournie par des parcs éoliens ou des fermes solaires. ” Nous avons dans ce cas recours à des contrats d’approvisionnement de type PPA (Power Purchase Agreement) avec des producteurs “, explique Stéphane Vialet. Mais l’énergie renouvelable est par nature intermittente : elle n’est pas produite en continue et sa disponibilité reste aléatoire. C’est pourquoi, dans le cadre du projet Normand’Hy, Air Liquide aura aussi recours au réseau français de production d’électricité bas carbone. Dans ce cas, l’hydrogène produit est de l’hydrogène “bas carbone”.

Filière énergies : la Normandie championne du mix

La Normandie, première région consommatrice d’hydrogène en France

Le choix de la Normandie pour implanter le projet d’Air Liquide ne doit rien au hasard. Avec ses industries du raffinage, de la chimie et de l’aérospatial, la région concentre toujours un tiers de la consommation nationale d’hydrogène (350 000 tonnes par an, soit 38 %). Sur le bassin havrais en particulier, Exxon Mobil et Total Energies, deux des principales raffineries françaises, utilisent ce gaz pour désulfurer leurs carburants.

La Normandie est un peu la Silicon Valley de l’hydrogène : il n’y a pas d’autres endroits en France où l’on retrouve une telle concentration de consommateurs et de producteurs.

Déjà une première mondiale en 2015

Air Liquide, qui figure parmi les leaders mondiaux des gaz et technologies pour l’industrie, est implanté dans la région depuis les années 1970 pour sa production d’oxygène et d’azote. Il compte aussi deux  sites de production d’hydrogène, à Gonfreville et Port-Jérôme. Ces deux sites sont raccordés au réseau hydrogène d’Air Liquide en Normandie auquel le nouvel électrolyseur sera également connecté.

C’est sur son site de Port-Jérôme que le Groupe français avait déjà installé, dès 2015, une unité de captage et de liquéfaction cryogénique de CO2 (CryopcapTM) unique au monde, en vue de décarboner sa production d’hydrogène.

Pour le groupe Air Liquide, la Normandie est une vitrine technologique. Après y avoir déployé notre technologie CryocapTM, nous y implantons un électrolyseur nouvelle génération pour la production d’hydrogène renouvelable. Là encore, il s’agira d’une première mondiale.

Et aussi… un projet de hub pour la captation de CO2 en Normandie

Accompagnés par HAROPA PORT, 5 industriels havrais dont Air Liquide (avec LAT Nitrogen, Exxon Mobil, Total Énergie et Yara international) développent une nouvelle infrastructure de captage et de stockage du CO2. Elle vise à collecter, liquéfier et expédier vers un puits de carbone en mer du Nord jusqu’à 3 millions de tonnes de CO2 par an. Un projet qui contribuerait à faire de la zone portuaire du Havre, l’une des premières zones industrielles bas carbone.

Décarboner l’industrie et fournir la mobilité hydrogène

Avec Normand’Hy, Air Liquide ambitionne d’aider les industries locales à décarboner leurs activités.

Le Groupe compte aussi répondre aux besoins grandissants de la mobilité hydrogène. La Normandie, déjà très en avance sur le sujet (premier réseau de stations de recharge et de véhicules hydrogène en France, premiers bus à hydrogène déployés à Rouen), bénéficie dans ce contexte de sa proximité avec la région parisienne, où deux flottes de taxis fonctionnent déjà à l’hydrogène.

Le projet Normand’Hy en chiffres

• Un électrolyseur de 200 mégawatts, pour une production de 28 000 tonnes d’hydrogène décarboné et 250 000 tonnes de C02 évitées par an.

• Normand’Hy représente un investissement de plus de 400 M€ pour Air Liquide, qui bénéficiera de 190 M€ de subventions dans le cadre du PIIEC (Projets importants d’intérêt européen commun) Hy2Use. Le projet, dans la ligne de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné, est également soutenu par l’Etat dans le cadre du programme France 2030.

• Le démarrage de la nouvelle unité de production est attendu en 2026. Air Liquide prévoit de recruter, dès 2025, plusieurs dizaines de personnes – de profils allant de technicien à ingénieur – pour la faire fonctionner.

• L’unité de production occupera 11 ha sur une parcelle de 29 ha au total, acquise par Air Liquide dans la ZAC de Port-Jérôme. Le reste du terrain sera utilisé, en partie, pour la compensation de zones humides.

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