Un atout pour la mobilité, le développement économique, les territoires ruraux : l’A84, qui relie Caen à Rennes, est bien plus qu’une autoroute. Inaugurée progressivement jusqu’en 2003, elle a transformé le quotidien des habitants et la vie des entreprises de la région. Sur le tracé de la “Route des Estuaires”, entre l’Espagne et la Belgique, l’infrastructure est devenue un pilier de la mobilité dans le Grand Ouest.
Un trait d’union entre la Normandie et la Bretagne… L’idée d’une autoroute reliant Caen à Rennes fait déjà parler d’elle dans les années 1960. Ce n’est finalement qu’à la fin des années 1980 que le projet prend forme. L’objectif d’alors est clair : désengorger les routes nationales saturées – la N175 et la N12 en premier lieu -, améliorer la sécurité routière et faciliter les échanges commerciaux entre les deux régions. Le développement économique est en ligne de mire. L’A84 s’inscrit alors aussi dans la continuité de la ” Route des Estuaires “, un grand axe autoroutier européen qui relie l’Espagne à la Belgique en longeant les côtes, sans passer par Paris. Un projet de longue haleine, qui doit contribuer à désenclaver les territoires du Grand Ouest.
Cette autoroute constitue pour moi le lien entre la Normandie et la Bretagne, apportant sûreté et sécurité sur un trajet de 4h. La gratuité de cette portion d'autoroute est une fierté au regard des tarifs pratiqués sur les différents réseaux à l'échelle nationale.
Une construction échelonnée
La construction de l’A84 est lancée en 1986, après l’ouverture de la première portion entre Bretteville-sur-Odon et Grainville-sur-Odon, près de Caen. Le chantier se poursuit ensuite en plusieurs étapes, sur près de deux décennies. Au total, le tracé de l’A84 s’étale sur 170 kilomètres à travers le bocage normand. L’autoroute compte quelque 30 échangeurs qui offrent un accès rapide aux différentes villes traversées (Villers-Bocage, Aunay-sur-Odon, Villedieu-les-Poêles, Avranches, Fougères, etc.) et près de 80 ouvrages d’art. Parmi eux, le viaduc du Saultbesnon (Manche). Ses 347 mètres de long et 31 mètres de haut au-dessus de la vallée qu’il permet d’enjamber sans l’abîmer, en font une petite merveille d’ingénierie à lui seul.
Un impact direct sur les territoires
Le dernier tronçon de l’A84 ouvre à la circulation le 27 janvier 2003. En deux décennies, l’A84 a progressivement et profondément modifié le quotidien des habitants qui vivent sur son tracé. Le temps de trajet entre Caen et Rennes est passé de trois heures à moins de deux heures, facilitant les déplacements des travailleurs, des étudiants, des familles… Une meilleure accessibilité qui a aussi bénéficié aux communes rurales du sud Manche, qui ont vu leur attractivité augmenter et le nombre de leurs habitants progresser.
L’A84 a changé ma vie. Divorcée, j’ai quitté la Vendée pour venir m’installer près de ma famille à Ouistreham. L’A84 m’a facilité la vie, permettant à mes garçons de voir leur papa, resté là-bas. Sans cette infrastructure, nous aurions dû modifier notre mode de garde et leur relation en aurait été affectée.
Le paysage économique a lui aussi été transformé. L’infrastructure routière a été un levier de compétitivité pour les entreprises, particulièrement pour celles du secteur logistique. De nouvelles zones industrielles se sont développées, notamment autour de Villers-Bocage et Saint-Lô, permettant de dynamiser l’emploi local.
Tourisme et commerce en profitent
En facilitant l’accès à des lieux emblématiques comme le Mont-Saint-Michel ou à des structures de loisirs comme le Zoo de Champrépus ou de Jurques, la construction de l’A84 a aussi stimulé le secteur du tourisme et contribué à l’augmentation significative du nombre de visiteurs. Des villes comme Avranches (et son Scriptorial) ou Villedieu-les Poêles (sa Fonderie de cloches, son Atelier du cuivre), ont également bénéficié de cette dynamique. En parallèle, grâce aux nouveaux flux de circulation entre les grandes agglomérations, le commerce local s’est maintenu, quand il n’a pas connu une certaine embellie.
En 20 ans à peine, l’A84 a réussi son pari. Elle reste, aujourd’hui encore, un axe stratégique qui relie le Grand Ouest au reste de la France et de l’Europe, grâce à sa connexion à la Route des Estuaires.
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