Sur le territoire de l’Intercom Vire au Noireau (14), l’entreprise Normandise Petfood, fabricant d’aliments pour chiens et chats, prévoit le recrutement d’une centaine de salariés en 2022. Un cercle vertueux qui comprend également de nouveaux marchés et l’agrandissement de la plateforme logistique. Rencontre avec le dirigeant Jean-Charles Duquesne, déterminé à changer le regard de tous sur l’industrie, en instaurant chaque jeudi, des portes ouvertes de son usine.
Nous avons la chance d’être dans un cercle vertueux : on a de nouveaux marchés, et donc plus de productions, avec un besoin de main-d’œuvre, de lignes et donc la nécessité d'augmenter la superficie de l’entreprise.
Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
Nous sommes spécialisés dans les produits à haute valeur ajoutée et à complexité : produits 100% bio, produits diététiques pour animaux avec des pathologies, produits pour des pays qui ont des réglementations très spécifiques… Nous fabriquons pour ceux qui en veulent : pour des distributeurs, mais aussi pour des marques qui ne savent pas fabriquer ce type de produits et qui souhaitent avoir la gamme entière.
Nous sommes aujourd’hui 732 dans l’entreprise qui fête ses 30 ans en avril 2022. Avec 2 millions de pochons et 800 000 barquettes produits par jour, cela représente un chiffre d’affaires estimé à 130 millions d’euros par an. Nous disposons d’une usine de 35 000 m2 dont 25 000 m2 dédiés à la logistique sur un site distant à 4km.
Avec l’arrivée de nouveaux marchés, l’Amérique centrale et du sud, le Mexique et la création d’une nouvelle force de vente sur le terrain pour nos propres marques (Repas Plaisir en GMS, Équilibre et Instinct pour les vétérinaires), nous rajoutons 9000 m2 pour stocker 12000 palettes, ce qui représente l’agrandissement d’un tiers de notre plateforme logistique. Tout est virois : 100% de la production est normande.
C’est quoi l’industrie, pour vous ?
L’industrie, c’est comme l’artisanat mais avec les moyens que l’on met pour faire des quantités. On parle d’ailleurs bien de « quantité industrielle ».
Contrairement à ce que l’on pense, travailler dans l’industrie permet d’accéder à des promotions assez vite. Chez nous, des personnes sont entrées avec un bac pro, ont progressé dans la hiérarchie, suivi des formations et sont devenus ingénieurs. Il faut savoir que l’industrie est l’un des endroits où fonctionne vraiment l’ascenseur social.
C’est aussi un contre-routine : les journées se suivent mais ne se ressemblent pas forcément. Vu la multiplicité de clients que nous avons, nous avons des contraintes et des challenges à relever très différents d’un jour sur l’autre.
Nous, qui sommes plutôt sur des petits lots et en territoire de complexité – il y a plus de 600 recettes dans l’usine – nous apprenons à gérer les différences entre les recettes, gérer les petites lignes des grandes lignes, et faire de la différenciation retardée, pour faire les plus gros volumes.
Depuis 30 000 ans le chien se nourrit des restes de l’humain. Nous industrialisons juste un concept qui existe depuis des années.
En quoi est-ce important de valoriser l’industrie ?
L’industrie est souvent un gros mot. Il est utilisé de manière péjorative, et cela impacte les gens qui voudraient venir travailler chez nous. Il faut lutter contre cela. Mais cela ne se décrète pas. Il faut travailler, il faut faire voir ce que l’on fait. Si nous ne faisons pas preuve de pédagogie, de transparence et d’éducation envers les jeunes générations, cela part très vite dans les vieux préjugés.
Quelles actions mettez-vous
en place pour lutter contre
cette image ?
La semaine de l’Industrie, en 2021, et les portes ouvertes que nous proposions, nous ont mis le pied à l’étrier : en 2h, les 300 places avaient été prises. C’est parce que nous avons constaté une réelle envie de découvrir Normandise Petfood que nous avons décidé de pérenniser ces portes ouvertes avec “les visites du jeudi soir”, organisées toute l’année pour des groupes de 15 personnes maximum.
Beaucoup de gens, notamment les jeunes, n’ont pas conscience de la panoplie des métiers. Recherche et développement, maintenance, gestion de système d’information et informatique, comptabilité, contrôle de gestion, ressources humaines, santé au travail… J’ai des « chasseurs de tendances » en marketing qui sont payés pour réfléchir à ce qui peut mettre un frein à l’achat d’un produit par exemple. J’ai des gens multilingues qui sont chargés d’organiser les transports et les douanes, une diététicienne qui a suivi des cours pour « vétérinéariser » son savoir et élaborer certaines recettes… Nous avons également beaucoup d’ingénieurs : des ingénieurs agro, des ingénieurs qualité, des ingénieurs mécaniques, informatiques…
Comment se traduit le volet développement durable
chez Normandise ?
Nous sommes complètement intégrés dans un environnement durable. 100% des matières premières qui rentrent chez Normandise sont consommables par l’être humain et nous n’utilisons que ce qui est, soit en surplus, soit boudé par l’homme. L’adage « tout est bon dans le cochon » finit souvent par régaler les chiens et les chats. Rognons, foie… Ce sont de très bonnes sources de protéines, qu’ils affectionnent particulièrement. Cela représente environ 1/3 de nos approvisionnements. Un autre tiers représentent les écoproduits : on va récupérer une carcasse de poulet, par exemple, sur lequel il reste du blanc, que l’on va passer dans des séparatrices pour faire de la VSM – de la viande séparée mécaniquement. Le dernier tiers, ce sont des produits qui sont là pour faire les parfums, notamment les poissons, les légumes, etc. Et qui sont généralement achetés en situation de surplus.
En termes de process, nous récupérons la moindre calorie fabriquée par les machines. C’est ensuite envoyé dans une usine de méthanisation, qui fournit aujourd’hui 25% des besoins en gaz de la ville de Vire.
Au-delà, pour le volet qualité de vie au travail, dans le cadre de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), nous lançons des vagues de formations, y compris diplômantes. Et nous effectuons actuellement des travaux pour proposer de nouveaux locaux sociaux en 2022. Points informatiques, jardinet, barbecues…
Nous sommes en train d’investir dans de belles choses pour que l’environnement soit sympa, et qui vont bien au-delà du simple baby-foot dans un coin !
Quels sont vos besoins en termes de recrutement aujourd’hui ?
Nous avons développé il y a peu une école de formation de BTS maintenance à Vire, parce que nous avions des difficultés à recruter dans ce secteur. On a réussi, avec la Région et l’Académie, à développer ce cursus in situ. En contrepartie, on s’engage à embaucher deux élèves issus de la promo chaque année.
Avec l’arrivée de la troisième cellule et l’agrandissement de notre plateforme logistique, on recherche tous azimuts.
On part en tout cas sur une centaine de postes en 2022, avec des profils qui vont du chef de marque aux ingénieurs R et D, mais aussi des conducteurs et opérateurs de ligne, des techniciens de maintenance, des carristes… tous les postes sont disponibles sur notre site internet.
Il y a l’entreprise… mais également le cadre de vie. Quels sont les atouts du territoire ?
Vire est une ville relativement sereine, avec plein d’atouts. L’immobilier est accessible, avec de la surface. Il y a de bons équipements culturels – le théâtre, le cinéma, l’école de musique qui va jusqu’au conservatoire – et sportifs. On a une équipe de nationale 3 en foot !
Sa situation géographique est également intéressante : nous ne sommes qu’à 2h40 de Paris en train, à 45 minutes de Caen, à 1h30 de Rennes, à 50 mn des plages… Il y a la forêt à proximité, une vraie qualité d’air.
Je dis souvent, inspiré de Bienvenue chez les Chtis : « Vous chialez deux fois à Vire : la première fois quand vous arrivez, la deuxième fois quand vous en repartez ! » (rires)
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous rendre sur leur site officiel !
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