À 49 ans, Muriel Bardor réalise son rêve de gosse, ou presque. Elle qui, plus jeune, aspirait à lutter contre les maladies génétiques a finalement trouvé comment produire, à partir de microalgues, des anticorps capables de traiter certains cancers… Sa start-up, Alga Biologics, s’est déjà vu décerner plusieurs prix, dont celui de Normandie4Good, en 2023.
En quête d’une alternative à la production de biomédicaments
Enseignante-chercheuse en biologie à l’Université de Rouen Normandie depuis une vingtaine d’années, Muriel Bardor cherchait un moyen de produire autrement des biomédicaments. Des traitements qui coûtent aujourd’hui si chers “que seule 5 % de la population mondiale y a accès”, souligne-t-elle.
Après avoir penché son microscope sur les plantes, la chercheuse normande s’intéresse aux pouvoirs des microalgues. Huit ans de recherche fondamentale lui permettent de démontrer, en 2018, que Phaeodactylum, déjà utilisée dans l’industrie agroalimentaire et cosmétique, est capable de produire des anticorps contre le virus de l’Hépatite B, le VIH et certains cancers (cancer du sein, lymphomes).
Espèce microscopique, pouvoirs géants
L’espèce, dont la taille ne dépasse pas les 100 micromètres, présente bien d’autres atouts. Facile et moins coûteuse à produire, elle capture naturellement du CO2. Avec elle, Muriel Bardor et son équipe peuvent donc envisager une production de biomédicaments décarbonée et responsable. La chercheuse fonce et crée sa start-up, Alga Biologics, en 2021, accompagnée de Catherine Gallot, spécialiste de l’industrie, d’Hubert Bonnefond, entrepreneur, et de Normandie Valorisation.
Notre objectif est de permettre un meilleur accès aux soins à un plus grand nombre de patients, tout en étant vertueux dans la production de biomédicaments.
Pour déployer sa technologie, l’équipe a décidé de se concentrer sur la production d’anticorps pour traiter les neuroblastomes : des cancers pédiatriques, en augmentation, qui touchent 24 000 enfants par an dans le monde.
“Cela me tient d’autant plus à cœur qu’il existe encore peu de traitements innovants les concernant. Ceux qui sont disponibles sont vendus 1 million de dollars aux États-Unis et 400 000 euros en Europe, avec une efficacité limitée…”.
Une levée de fonds pour accélérer l’industrialisation de la production
En novembre 2023, Alga Biologics a sécurisé des fonds grâce au programme France 2030. Une étape qui a permis à la start-up de financer un premier photobioréacteur de 200 litres pour tester une production à grande échelle… et conserver son avance.
Encore hébergée à l’Université de Rouen Normandie, Alga Biologics cherche aussi des locaux où s’installer.
Avec les premières productions d’anticorps, la start-up deetech va pouvoir mener des tests pré-cliniques jusqu’en 2025. Avant des tests chez l’homme, en 2026, et une commercialisation autour de 2032… Alga Biologics aura alors toutes les cartes en main pour produire de nouveaux anticorps, capables de traiter d’autres types de cancers chez les adultes et certaines maladies auto-immunes.
Une lueur d’espoir pour de nombreux malades et leurs familles.
Il y a encore quelques mois, nous étions les seuls, à l'échelle mondiale, à produire des anticorps à partir de microalgues. Des initiatives émergent aujourd’hui en Allemagne ou en Australie, ce qui va accélérer la dynamique. L’enjeu pour nous est d’arriver à rester pionnier."
La start-up normande intègre l’Index French Blue Tech
Alga Biologics a déjà reçu de nombreuses récompenses et elle fait notamment partie de l’Index French Blue Tech des meilleures start-ups du maritime en France !
La Normandie brille sur ce tableau avec 4 startups sélectionnées :
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