Après une médaille d’or à l’épreuve nationale, Thomas, 21 ans, ira défendre son talent aux Worldskills, à l’international, avec l’équipe de France en septembre 2024. Son métier ? Le développement de solutions logicielles en entreprise. Un savoir-faire dispensé par Zakina, enseignante en BTS Services informatiques aux organisations, au lycée Jean Rostand à Caen, qui a coaché avec attention son élève l’année dernière.
Regards croisés entre une formatrice engagée et un jeune plein d’avenir !
Développeur de solutions logicielles en entreprise : c’est quoi ce métier ? En quoi cela consiste ?
Zakina : Il y a énormément de métiers différents en informatique ; celui de développeur de solutions logicielles en entreprise consiste à développer des applications, plutôt de gestion, au service des entreprises, d’utilisateurs. Cela va du site web qui présente « juste » des informations aux applications de web ou mobile par exemple. Ce métier a beaucoup de noms différents : concepteur-développeur, développeur d’application web ou mobile, développeur front end ou back end ou full stack – des noms différents qui correspondent à des spécialisations. Autour de ça, il y a plein de métiers, par exemple celui de webdesigner qui va plutôt concevoir et réaliser l’identité visuelle d’un site ou d’une application.
Thomas : Pour les Worldskills, c’est un peu différent, on nous assigne une entreprise fictive ou réelle et chaque candidat doit créer une réponse ergonomique qui répond aux besoins de ce client par rapport à un cahier des charges. On fait ça pour une application mobile, une application web et une application de bureautique.
En BTS, les élèves ont le titre de développeur, la plupart continuent leurs études bac +3, voire bac + 4-5 pour évoluer vers des postes de gestion de projet ou d'encadrement.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Thomas : J’aime bien l’aspect logique, la réflexion en amont pour mettre tout en place. Il y a aussi une certaine liberté : tout en respectant le cahier des charges, il y a plein de manières de faire. Enfin, on ne s’ennuie pas et il y a toujours à apprendre, pour s’adapter aux évolutions !
Zakina : Oui, c’est ce que je trouve aussi très intéressant. Les technologies évoluent tout le temps, il faut donc toujours apprendre, se former, se renouveler, et rester en veille constamment. Autre atout à mon sens : les applications sont destinées à des clients qui ont souvent des métiers différents : banque, médical… Quand on développe une application, on est donc presque amenés à apprendre les bases du métier du client. Selon pour qui on travaille, on doit acquérir leur vocabulaire. C’est un métier de services, il faut donc s’immerger dans la culture de l’entreprise. C’est très enrichissant.
Quelles sont les qualités indispensables pour l’exercer ?
Zakina : Outre les qualités techniques, il faut développer des soft skills. Et notamment les compétences relationnelles qui sont très importantes. Il faut avoir des aptitudes à bien communiquer, à bien écrire, savoir être autonome mais aussi et surtout avoir le sens de l’équipe – pour résumer, la technique compte, évidemment, mais de plus en plus, les entreprises recherchent des personnalités.
En BTS, on recrute au niveau bac, quel que soit le bac – et surtout des filles ! C'est rare, mais ce métier s'adresse à tout le monde et les filles ont leur carte à jouer.
Thomas : Il faut avoir également une logique de programmation, et savoir prendre le temps de réfléchir. Il faut aimer aussi travailler en équipe : en général, nous sommes plusieurs à travailler sur des projets d’entreprises.
Comment pensez-vous qu’il va évoluer dans le futur ?
Thomas : C’est forcément un métier d’avenir ! Globalement, l’informatique est partout aujourd’hui. Pour le futur, je pense à l’IA, qui arrive et se développe vite. Je ne pense pas que ce soit mauvais pour mon métier, parce qu’il faudra toujours une partie de réflexion et de contact avec l’employeur et les clients. En revanche, ce sera un véritable outil pour économiser du temps sur des tâches simples.
Zakina : C’est un métier d’avenir, oui. Il y a plein de travail encore. Les gens sont un peu inquiets avec le développement de l’intelligence artificielle, mais je suis d’accord avec Thomas : c’est une aide pour développer, détecter ou corriger les erreurs par exemple mais qui ne remplacera pas le côté humain nécessaire à la réussite d’un projet.
Développeur est un métier qui est toujours en plein essor, depuis toujours – avec le web, les réseaux sociaux, les objets connectés, la big data… Il y a plein de domaines, plein de nouveaux métiers à venir, et donc plein de possibilités à partir d’un seul diplôme !
Comment s’est passée l’épreuve lors de la compétition régionale ?
Zakina : Thomas est un élève très tranquille, plutôt serein. Qui gère plutôt bien ses émotions, qui fait du sport depuis toujours, qui connait bien la pression des compétitions. C’est un informaticien mais qui est très ouvert, parle beaucoup avec les gens, a beaucoup voyagé…
Thomas : En ce moment, je fais du floorball à Caen – en nationale 2 – mais les Worldskills sont différents, c’est une compétition vraiment mentale. Pour la compétition internationale, je m’entraîne toutes les semaines ou deux semaines par visio avec mon entraîneur, à Lyon, qui supervise. J’ai également deux ou trois stages avec préparation physique et mentale ainsi que des stages spécifiques avec l’expert métier et le suppléant. Cela m’aide beaucoup, notamment avec certains types de langage informatique. Par exemple, j’ai toujours fait du java, et je dois travailler le c#. C’est ressemblant mais la syntaxe n’est pas la même.
Zakina : J’ai commencé à le coacher aux championnats de France. La formation collait à certains points qui étaient demandés qu’il a complétés avec des modules supplémentaires.
Pour les championnats du monde, c’est quelqu’un d’autre qui a pris le relais, avec des modules spécifiques de formation sur les attendus.
La compétition nationale était super intéressante, j'ai pu rencontrer d'autres personnes de ma région qui faisaient le même métier que moi. On a pu échanger sur les techniques, les parcours… C'était très enrichissant.
Selon vous, quels sont les atouts de la Normandie pour cette profession ?
Zakina : Les étudiants arrivent généralement à trouver du travail en Normandie, il y a un tissu de petites, moyennes et très grandes entreprises qui ont des besoins en développement. Côté offre de formation, cela se développe de plus en plus même si Rennes et Nantes attirent encore beaucoup. A Caen, il y a par exemple CaenSup Sainte-Ursule, qui propose des bacs +3 à bac +4/5, l’ENSICaen ou encore le CESI, qui accueillent aussi certains de nos étudiants. Moi, je suis née à Caen et après une dizaine d’années en région parisienne, je suis revenue… et j’ai décidé de rester. Il y a la mer, la campagne…
L'avantage, aussi, c'est que la Normandie n’est pas loin de Paris : une capitale très dynamique dans le domaine. En plus, l'avantage dans mon métier, c'est que je peux tout faire en télétravail.
Et pour la suite, quel est le programme ?
Thomas : Je vais continuer dans le développement, peut-être me spécialiser dans l’aspect sécurité, et continuer dans l’alternance. Le développement sécurisé est devenu très important pour protéger les données des clients.
Zakina : Son parcours m’intéressera toujours ! Avec plusieurs professeurs, on a un groupe WhatsApp pour suivre sa progression dans la compétition Worldskills. On est vraiment dans le process : on avait des étudiants qui n’étaient pas très motivés qui souhaitent renouveler l’expérience ; au lycée Rostand, on part donc sur les prochains championnats qui auront lieu à la rentrée 2024.
Thomas : Moi, je suis pressé d’y aller, c’est assez proche mine de rien : septembre, ça vient vite. J’ai hâte de me confronter à d’autres pays, de rencontrer des gens qui font le même métier mais ailleurs, avec d’autres méthodes, c’est enrichissant. Et puis j’ai hâte de défendre la France et la Normandie !
J'aime beaucoup la Normandie – d'avoir grandi là, c'est toujours un plaisir. Je ne veux pas quitter Caen. Il y a ma famille et mes amis. Il y a la mer à côté, un centre historique, deux aéroports propices aux déplacements plus longs, de belles villes comme Rouen, le Havre. On est assez proches de tout globalement et c'est bien.
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