
Originaire de Cherbourg, Anne-Lise Lechevalier est Directrice Affaires publiques et communication du programme Aval du Futur au sein d’Orano et vice-présidente de l’association WIN (Women in Nuclear) en Normandie. Elle partage avec nous les moments forts de sa carrière et son expérience.

Élever mes enfants dans un territoire préservé, proche de la mer, est un privilège que j’apprécie chaque jour.
Quel est votre parcours ?
J’ai effectué l’ensemble de mon parcours scolaire, de la maternelle jusqu’au bac+5, dans le Cotentin, un territoire offrant une large gamme de formations dans des domaines variés.
Après une prépa MPSI, j’ai intégré l’École d’ingénieurs de Cherbourg (ESIX), rattachée à l’Université de Caen. J’y ai découvert le monde du nucléaire lors d’un stage de six mois à l’usine de retraitement de combustibles usés d’Orano, à La Hague. J’ai trouvé fascinant qu’un simple atome puisse produire autant d’énergie pour alimenter une population en électricité. Cette expérience m’a confortée dans mon choix de carrière.
Diplômée, j’ai poursuivi mes études à l’INSTN (Institut national des sciences et techniques nucléaires) à Cadarache, près du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), en suivant la spécialisation en Génie Atomique.
J’ai ensuite rejoint EDF à la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, où j’ai travaillé en salle de commande sur le pilotage des réacteurs nucléaires. En 2006, j’étais la seule femme de mon équipe, car nous étions encore très peu nombreuses dans ce secteur, surtout en horaires décalés. Toutefois, j’ai été bien intégrée et suis restée trois ans avant de partir à Paris pour travailler dans l’ingénierie nucléaire.
En 2012, j’ai choisi de revenir en Normandie, à Flamanville, avec mes deux enfants et le projet d’en avoir un troisième. Je voulais leur offrir une meilleure qualité de vie et me rapprocher de ma famille. Nous nous sommes installés en bord de mer, à Héauville. J’ai occupé plusieurs postes sur le projet de l’EPR : d’abord formatrice, puis cheffe de service déléguée au service formation de l’EPR.

En 2018, j’ai pris la direction du service conduite de l’EPR de Flamanville, chargé de l’exploitation du futur réacteur, avec une équipe de 150 personnes fonctionnant en continu (24h/24, 7j/7). Cela représentait une évolution logique de mon parcours.
En 2022, on m’a proposé un poste dans l’ancrage territorial sur le projet de piscine d’entreposage centralisée de combustibles usés d’EDF à Orano La Hague. Ce poste, bien que moins technique, était très axé sur les relations humaines et relevait un véritable défi. J’ai donc choisi de me lancer dans cette nouvelle aventure. Fin 2024, le projet a été intégré au programme Aval du Futur d’Orano, et j’ai rejoint l’équipe début 2025 pour accompagner ce projet sur le territoire.
En quoi consiste votre poste ?
Mon rôle actuel est axé sur les relations avec le territoire. Je suis en contact permanent avec divers acteurs : élus, entreprises, représentants de l’État, chambres consulaires, syndicats, associations… Mon objectif principal est de favoriser l’acceptabilité des projets et de contribuer à la création de richesse locale. Mon expérience dans un environnement technique me permet d’expliquer simplement des concepts complexes et de m’adapter à différents publics, tout en intégrant les enjeux nationaux.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
En tant que femme, j’ai souvent eu l’impression de devoir faire mes preuves deux fois plus qu’un homme. Le manque de confiance en soi des femmes peut parfois amplifier ce sentiment.
Lorsque j’ai commencé en 2005, certains me disaient que le nucléaire était voué à disparaître. Pourtant, j’étais fascinée par la physique nucléaire et par l’énergie qu’elle produit. Entendre le « cœur » d’un réacteur battre reste une expérience incroyable. Aujourd’hui, l’énergie nucléaire est redevenue une énergie d’avenir, reconnue comme un pilier essentiel de la transition énergétique.

Mon rôle d’ambassadrice
Je suis très fière de mes racines normandes et du parcours que j’ai pu construire ici. Pour moi, ce n’est pas l’école qui fait la personne, mais son parcours et ses expériences. Nous devons être fiers de notre région et de nos écoles. Le Cotentin est un territoire d’excellence en matière d’énergie.
Au quotidien, je profite chaque soir des couchers de soleil sur la mer. Élever mes enfants dans un territoire préservé, proche de la mer, est un privilège que j’apprécie chaque jour.