Né dans le Val-de-Marne il y a 33 ans, Guillaume Marie a vécu les 15 premières années de sa vie dans le 93, à Rosny-sous-Bois, explorant la Manche tous les étés, grâce à son grand-père normand. En 2002, ses parents, séduits par le calme, la beauté et l’air sain de la région, se font muter à Coutances – il est policier, elle est aide-soignante – et c’est adolescent que Guillaume vit la Normandie au quotidien. Collège, lycée, internat, petits boulots… En 2010, c’est un nouveau départ : direction Chambéry afin d’intégrer le 13ème bataillon de chasseurs alpins pendant 4 ans. Une expérience en Savoie qui durera 10 ans – le temps d’une rencontre et d’une naissance – avant de faire le choix, en famille, de retourner en terres normandes, en février 2019. Depuis peu, Guillaume a lancé son activité, a rejoint la coopérative les Chantiers de Demain et propose de l’accompagnement dans les projets de rénovation. Aujourd’hui à Coutances, et peut-être dans quelques mois à Avranches, rien ne lui ferait quitter la Manche…
Premières impressions, coups de cœur, difficultés, atouts… découvrez le témoignage d’un Normand d’adoption, mais viking dans l’âme !
La vie en Normandie n’est pas chère, et il ne tient qu’à nous d’en faire ce qu’on veut
Adolescence normande
Première impression : « à l’adolescence, la liberté »
« La première fois, j’ai retrouvé mes potes d’été au collège. Il y avait une ambiance de cité dans le 93, qui me plaisait de moins en moins. En tant que fils de policier en banlieue, je devais rentrer chez moi à des heures fixes et regarder les autres jouer par la fenêtre. En Normandie, j’étais libre… Je me suis épanoui dans le sport : j’ai fait du volley, de l’aïkido… J’ai également découvert une différence de niveau en arrivant à Coutances parce qu’on finissait rarement le programme dans le 93. »
Une découverte : « jazz sous les pommiers, des concerts à chaque coin de rue »
« Depuis que je suis tout petit, mes grands-parents m’ont bercé avec le jazz et chaque année, ils m’emmenaient assister à des concerts au festival Jazz sous les Pommiers. C’était génial : des concerts à tous les coins de rue, partout dans Coutances. J’ai aussi le souvenir d’un climat assez doux avec les sakuras en fleurs, et des pétales partout dans la ville. »
La savoie, oui mais…
Un déclic : « j’avais besoin de partir à l’aventure »
« Je ne suis pas issu d’un milieu agricole, et quand j’ai vu mes potes partir faire des études à Caen, Rennes ou Paris, cela m’a fait tout drôle. J’ai toujours eu soif d’aventures, j’ai eu besoin de partir et l’armée a été le bon prétexte. La Savoie a été un vrai coup de cœur, j’y ai rencontré ma femme, ma fille y est née. Il y avait 56000 habitants à ce moment-là, avec une vie pas trop chère… J’avais dans l’idée d’y rester durablement. »
Le hic : « les critères évoluent »
« J’ai entamé un cursus de formation dans le bâtiment et peu à peu, la vie a pris une tournure plus difficile, notamment économique. Nous arrivions à des âges où l’on souhaitait se poser, nous voulions élever notre fille au mieux. Et quand on a une famille à charge, l’immobilier devient une donnée importante, les critères évoluent. Au fil des années, Chambéry changeait, avec notamment des quartiers qui se rapprochaient de ce que j’avais connu dans le 93, et beaucoup de faits divers. Cela me faisait peur pour l’avenir. »
Retour en terres normandes
Un conseil : « apprendre à vivre à la normande »
« Ma compagne était Chambérienne depuis 27 ans. Elle ressentait ce même besoin de partir que j’avais eu 10 ans auparavant. Les séjours normands qu’on avait faits lui avaient beaucoup plus. Elle idéalisait la vie à la campagne qu’elle n’avait finalement jamais connue. Cela implique qu’on ne peut pas faire du shopping à tout moment, qu’il faut prendre la voiture pour aller au cinéma… Je lui dis souvent qu’au-delà de vivre en Normandie, il faut apprendre à vivre à la façon normande : ce n’est pas parce qu’il pleut, qu’il vente, qu’on ne peut pas chausser ses bottes, mettre un k-way et aller voir la mer. Il n’y a pas toujours le cadre idyllique des reportages, mais la Normandie, c’est aussi aller à la pêche à pied, pouvoir faire des activités nautiques, faire de belles promenades, être au calme… Et puis elle adore les vide-greniers, elle a donc été servie !»
L’atout séduction : « dans le secteur de la construction écologique, il y a de réelles opportunités »
« En février 2020, après une dernière formation en Savoie comme chef d’équipe en performance énergétique dans le bâtiment, je suis revenu auprès de ma femme et de ma fille qui vivaient chez mes parents et en quelques semaines, nous avons trouvé notre maison, en HLM, pour près de 400 euros par mois. 80m2, avec un jardin, un garage… inconcevable à Chambéry. En plus, dans la rénovation, les perspectives sont nombreuses. Il y a de réelles opportunités de travail, et la Normandie est reconnue et pionnière d’un point de vue écologique dans ce secteur. Le projet est d’acheter une maison, de la rénover et pour moitié moins cher qu’en Savoie. Là-bas, en-dessous de 120 000 euros, ce sont des ruines. Ici, on peut trouver des maisons habitables pour 75 000 euros. »
Apprenti normand et conquérant
La difficulté : « c’est parfois difficile de rencontrer des gens »
« Passer des vacances et y vivre, ce n’est pas tout à fait la même chose. Les Normands peuvent être très accueillants mais il y a un fonctionnement social différent. Par exemple, quand mes parents se sont installés, on leur a très vite indiqué qui côtoyer pour s’intégrer, avec qui sympathiser, ça jase parfois un peu… Ce n’est pas toujours évident. Ma femme a fait la même expérience mais j’ai pu la guider. Le Normand est un taiseux mais une fois les barrières passées, on se rend compte qu’il y a une vraie alchimie. Les gens sont aimants et c’est comme une grande famille… ! »
La bonne idée : « l’association de parentalité nous a permis de retrouver une vie sociale
« Nous avons découvert une association de parentalité à Hyenville : de jeunes parents se réunissent pour faire des activités avec les enfants, ça permet de de se rencontrer, de créer du lien. Ce qui est drôle, c’est que personne de l’association n’est originaire de la Manche. On compare nos expériences, et on se rend compte que nous avons souvent des ressentis similaires. »
La chose à retenir : « a nous d’apprendre à vivre selon l’endroit, à vivre avec notre environnement »
« Le cadre de vie est super agréable… Le jardin, le bon air… Nous aimons beaucoup la nature, les produits locaux : nous avons découvert la ferme de Gonzague, un maraîcher bio perdu en pleine campagne vers Roncey, qui fait de supers produits. Et les paysages normands sont beaux ! Quand j’étais en formation dernièrement, ma femme allait chercher la petite à l’école, me rejoignait et nous allions directement à la plage, à seulement 15 minutes. C’est à nous d’apprendre à vivre avec notre environnement. Le niveau de vie permet largement de vivre bien. Et il y a beaucoup d’activités culturelles même si elles sont parfois un peu trop confidentielles. On arrive à des âges où c’est aussi à nous de s’investir pour la ville. A nous d’être acteurs du territoire ! »