Pilotée par Lucile Derly, Arterya a développé un dispositif innovant pour localiser les artères. Destiné à faciliter les interventions médicales d’urgence et à soulager les patients, “Blood’Up” pourrait être commercialisé dès 2026.
De l’aviation à la healthtech
Lucile Derly n’a jamais cherché sa voie. Elle qui, très jeune, a appris à voler dans la Manche, “ face au Mont Saint-Michel ”, a toujours su qu’elle voulait être pilote de ligne. Pourtant, son parcours a pris un tout autre cap. À 26 ans, elle est aujourd’hui à la tête d’une start-up de la healthtech au décollage prometteur, avec 10 salariés à son bord.
Recalée de l’École nationale de l’aviation civile à cause de sa vue, la Normande s’est tournée vers une formation d’ingénieure en alternance. “ Je me suis dit que si je ne pilotais pas les avions, j’allais les construire ! ”, se souvient-elle. Recrutée chez Siemens, elle se découvre une passion pour le marketing et décide de poursuivre son cursus par un master spécialisé et intègre Sanofi.
Au même moment, un ami étudiant en médecine attire son attention sur la difficulté des personnels de santé à localiser précisément les artères lors des prélèvements sanguins réalisés en urgence. “ L’artère, accessible au poignet, est riche en sang frais et permet d’obtenir des données précieuses sur l’état de santé d’un patient. Mais contrairement à une veine, elle est difficile à localiser rapidement, ce qui entraîne souvent des essais douloureux “, explique Lucile Derly.
Arterya, une start-up normande au service de l’innovation médicale
Lucile Derly décide de relever le défi et de mettre sa formation d’ingénieure à profit pour imaginer un appareil capable de détecter précisément les artères. Heureux hasard, Sanofi organise alors un concours pour inciter ses alternants à créer leur entreprise à partir d’une idée. Elle y participe, remporte 10 000 euros et crée sa start-up, Arterya, en août 2019. “ A l’époque, je pensais qu’avec cette somme, le développement de mon entreprise allait aller vite !“, sourit-elle aujourd’hui. Début 2020, à la faveur du confinement dû au COVID, la jeune ingénieure se plonge à 100 % dans son projet et intègre Normandie Incubation.
Grâce à l’incubateur normand, j’ai vraiment découvert les rouages de la création d’entreprise, les étapes à respecter. J’ai eu rapidement accès à l’écosystème local lié à l’entrepreneuriat et trouvé des partenaires clés pour mener mon projet à bien, comme le CHU de Caen.
Blood-up, pour une détection optimale des artères
Au fil de son parcours en incubateur puis en accélérateur, Arterya a réalisé plusieurs levées de fonds (2,5 millions d’euros au total) pour développer “Blood-Up”, en partenariat avec des médecins et des industriels. Ce dispositif repose sur des capteurs capables d’enregistrer les caractéristiques du sang circulant dans l’artère : son bruit, son sens de circulation et sa température. Analysées et triangulées, ces informations permettent de localiser précisément où se trouve l’artère, mais aussi de matérialiser son emplacement comme sa profondeur sur le poignet du patient grâce à système de projection laser.
Une vraie révolution dans le domaine médical, où jusqu’à présent, la seule alternative en cas de difficulté était l’échographie. “ Mais tous les établissements n’en sont pas équipés et l’appareil n’est pas toujours disponible en cas de besoin. Il faut aussi être formé pour l’utiliser et être capable de piquer tout en regardant l’écran. Blood-up offre une solution simple et efficace “, souligne Lucile Derly.
Arterya prévoit la commercialisation de Blood-up dès 2026
Début 2025, Arterya a testé cliniquement son tout dernier prototype, afin d’obtenir le marquage CE et l’homologation de “Blood-Up”, nécessaire à sa mise sur le marché. Une étape clé pour la start-up, qui poursuit en parallèle ses essais sur des profils de patients plus complexes à piquer, comme les personnes âgées, obèses ou les enfants. Côté production, Arterya a noué un partenariat avec l’Irseem, le laboratoire de recherche de l’école rouennaise d’ingénieurs Esigelec et le groupe industriel normand Selha Group, spécialisé dans l’électronique, pour fabriquer son dispositif.
Arterya mise sur un début de commercialisation auprès des hôpitaux, cliniques et établissements de santé à partir de 2026 en France, puis en Europe en 2027 et à l’international et aux Etats-Unis, à partir de 2028.
” Notre objectif est d’atteindre le million d’euros de chiffre d’affaires au bout de deux ans de commercialisation “, affiche fondatrice et dirigeante d’Arterya.
Ils innovent en Normandie
Thématiques
