Trot monté, trot attelé, et dernièrement galop… A Graignes, sur le territoire de Saint-Lô Agglo dans la Manche, l’école des courses hippiques de l’Afasec forme chaque année plus d’une centaine d’élèves du monde aux disciplines du turf. Un secteur en tension méconnu aux métiers pourtant accessibles et attractifs.
Une école unique en Normandie
C’est en 1974, à Graignes, dans la Manche, que l’une des cinq écoles de courses hippiques de France ouvre ses portes sur la volonté des professionnels : « l’école dépend directement de la profession, c’est-à-dire qu’elle est financée par le Trot et France Galop, sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Ministère de l’Economie et des Finances » explique Pascal Launey, arrivé comme professeur en 1992 et chef d’établissement depuis 2013. L’Afasec, l’Association de Formation et d’Action Sociale des Ecuries de Courses, concentre ainsi un pôle de formation dans la Manche, sur 16 hectares, historiquement dédié au trot, qu’il soit monté ou attelé. Situé au pied de l’un des plus gros hippodromes de France -créé en 1945 par Raymond Rigault, également fondateur de l’école- l’établissement offre une indéniable proximité avec les infrastructures et professionnels du grand ouest. « L’une de nos forces, c’est que nous disposons également d’une écurie d’application dédiée, avec 25 trotteurs pour former les jeunes, en interne » précise Pascal Launey.
Nous sommes financés par la profession, on se doit donc de répondre à la demande et de se diversifier.
Les formations ? Un CAPA Lad Cavalier d’Entraînement en deux ans et un BAC PRO Conduite et Gestion de l’Entreprise Hippique en trois ans, les deux possibles en formation initiale alternée ou apprentissage. « Ces deux diplômes, et leurs deux déclinaisons, sont accessibles dès la 4ème ou la 3ème avec préparation au brevet » explique le directeur. Dans les deux cas, les jeunes sont obligatoirement mis en situation au sein d’entreprises partenaires. Mais que les plus âgés se rassurent, demandeurs d’emploi ou en reconversion professionnelle peuvent également préparer un CAP lad, cavalier d’entraînement sur 10 mois, dans le cadre d’un programme qualif financé par la Région. Et parce que l’école se doit de répondre aux besoins de la profession parfois en manque de candidats, « à la demande du centre d’entraînement de galop de Dragey-Ronthon, près du Mont-Saint-Michel, nous avons ouvert à la rentrée 2019, une 4ème « Cheval » plus polyvalente pour former de futurs salariés dans ce domaine. »
Un métier-passion ouvert à tous
Jeunes de France, de Suisse, de Martinique, de Belgique… les quelques 150 élèves qui intègrent l’établissement chaque année, viennent parfois de très loin pour se former en Normandie. Outre la notoriété de certains coureurs célèbres – drivers ou jockeys – passés par l’école, la préparation complète et physique au trot monté comme au trot attelé fait la force de l’école normande. « Nous avons toujours fait les deux ; or, un jeune a plus d’opportunités dans sa carrière en commençant par le trot monté, très physique et très technique, les professionnels avec plus d’ancienneté trustant déjà les compétitions de trot attelé. » L’établissement accorde ainsi une place importante à l’activité sportive. Footing et renforcement musculaire, activités diverses… « cela fait trois ans que nous sommes sur les podiums des championnats de France sans que nos jeunes soient licenciés en club » se réjouit le directeur.
Les jeunes viennent par les centres équestres et la passion du cheval, mais pas seulement. Certains nous contactent aussi parce qu’ils ont regardé les courses à la télé ou en allant en famille à l’hippodrome.
Ces métiers spécifiques pâtissent parfois d’idées reçues. Un exemple ? La nécessité de prérequis physiques : « il n’y a pas de souci de taille ou de poids, c’est une fausse idée, née d’une époque où les courses à la télé présentaient des jockeys petits et légers » affirme Pascal Launey. Entraînement, prérequis, voire passion pour le cheval ou le monde équestre depuis le plus jeune âge… « Certains n’ont aucune expérience, aucune pratique : ce n’est pas grave du tout ! Ils y arrivent aussi bien que les autres. L’important, c’est la volonté d’y arriver, c’est tout. » Un dernier exemple ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’école enregistre aujourd’hui un peu plus de 50% d’élèves féminines. « Il y avait 8 filles à mon arrivée en 1992. Mais le métier s’est féminisé au fil des années, et les jeunes femmes réussissent bien aux courses ! »
Ouverture internationale
« 100% de nos jeunes sont en emploi trois mois après l’école ou vont en poursuite d’études, en BTS » indique Pascal Launey. « Ils travaillent dans des écuries de course en Normandie, dans le grand ouest, ou à l’étranger. » Cette dernière opportunité rendue possible grâce au volet international développé par l’établissement depuis de nombreuses années. « Par exemple, nous avons des échanges depuis 2002 avec la Suède, la Finlande et la Norvège, dans le cadre du programme européen Eques » détaille le directeur. Pendant trois jours, des formateurs européens viennent ainsi observer et encadrer des épreuves – travail sur piste, à pied et anglais – afin de délivrer un certificat. « Il garantit un niveau de langue et un niveau professionnel salarié qui permettent aux jeunes de postuler à l’étranger. » Et notamment dans ces trois pays nordiques, où la pratique du trot est particulièrement développée.
Europe, Australie, États-Unis… chaque année, plusieurs de nos jeunes partent travailler à l’étranger
Par ailleurs, l’établissement de Graignes travaille sur le développement d’un programme Erasmus plus, afin de proposer des stages de 4 à 5 semaines à l’étranger pendant la formation, ou plus longs, à l’issue du diplôme. « Nous avons également accueilli une délégation de Chinois, de Qindao et de Mongolie intérieure, intéressés pour mettre en place des échanges pédagogiques avec la France, dans le cheval en général » explique Pascal Launey. Si l’établissement de Graignes a été retenu pour son savoir-faire dans le domaine des courses et du soin des chevaux, d’autres établissements normands ont été identifiés sur le parcours de la délégation, tels que le lycée agricole de la Baie du Mont-Saint-Michel à Saint-Hilaire-du-Harcouët (élevage, exploitation de chevaux de sport et maréchalerie) ou la ferme Chevalait, dans l’Orne, spécialisée dans la production de lait de jument.
Bon à savoir
- L’Afasec est une association placée sous la double tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Ministère de l’Economie et des Finances. Trois missions principales lui sont confiées par l’institution des courses (France Galop et la Société du Cheval Français) : la formation, l’action sociale, le conseil et la prospective dans le secteur des courses hippiques.
- Pour pallier certaines difficultés du métier, notamment les horaires, le réseau Afasec met régulièrement en œuvre le deuxième volet de ses missions – l’action sociale vis-à-vis des salariés – en ouvrant crèches, MAM, hébergements ou restauration près des centres d’entraînement.
- L’autre force de l’école de Graignes, c’est le palmarès et la notoriété de célèbres cavaliers, tels que Yoann Le Bourgeois, jockey et driver français spécialiste des courses de trot, ou encore l’entraîneur, driver de trot attelé et jockey au trot monté, Jean-Michel Bazire, célèbre personnalité du monde des courses hippiques.
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