En implantant la plus grande usine de recyclage moléculaire des plastiques du monde à Port-Jérôme-sur-Seine (76), l’entreprise Eastman confirme la position de la Normandie comme région industrielle de demain. En jeu ? Décarbonation et économie vertueuse.

Un projet à 1 milliard d’euros

Cette usine du géant américain Eastman s’annonce comme la plus imposante au monde : elle permettra notamment de recycler près de 160 000 tonnes de déchets polyesters difficiles à revaloriser par an. « C’est l’équivalent de deux fois et demie la capacité du stade de France, de bas en haut et sur la longueur » explique Johan Rousseau, vice-président des opérations chez Eastman Chemical Company.

L’objectif consiste ainsi à améliorer le recyclage des déchets plastiques aujourd’hui difficiles ou impossibles à recycler, en se concentrant plus particulièrement sur les déchets plastiques riches en polyesters. La technique, appelée recyclage moléculaire, utilise ainsi le méthanol comme solvant, afin de rompre les liaisons chimiques des plastiques.

Un territoire aux atouts indéniables

Mais pourquoi choisir la Normandie ? D’abord, à l’instar de nombre d’implantations, il y a la localisation géographique. Le territoire normand permet une vraie logistique – fluviale, ferroviaire – une liaison rapide avec de grandes villes, telles que Paris, bien sûr, mais également Bruxelles, Amsterdam, Londres et Berlin. D’autre part, l’accompagnement dans les démarches administratives, notamment de l’AD Normandie, l’agence de développement économique, a pesé dans le choix du groupe. « La Normandie bénéficie d’une situation géographique stratégique, au centre de l’Europe. Il était logique pour nous d’y implanter notre usine (…), d’autant plus que la Région nous a accompagnés dans notre installation et dans toutes les démarches administratives. C’est un vrai plus ! » souligne Johan Rousseau.

Enfin, l’écosystème normand permet une synergie très intéressante. Terre d’industrie, la Normandie est génératrice de déchets plastiques, ce qui présente des avantages logistiques dans une optique d’économie circulaire. A noter que ces déchets sont généralement incinérés parce qu’ils ne peuvent pas être recyclés mécaniquement, ou parce qu’ils perdent en performance lorsqu’ils sont traités par les technologies existantes.

recyclage plastique moléculaire

Une industrie vertueuse génératrice d’emplois

Afin de contribuer, à son échelle, à la lutte contre le changement climatique et à la transition vers une économie circulaire, l’entreprise a développé plusieurs technologies de recyclage des plastiques actuellement difficiles voire impossibles à recycler. « La région Normandie a une stratégie environnementale de long-terme très ambitieuse, qui est alignée à notre propre orientation stratégique. Comme Eastman, la Normandie a une vision et des objectifs clairs pour parvenir à une économie pleinement circulaire » stipulait Mark Costa, PDG d’Eastman, lors de l’annonce officielle, en mars 2022.

La construction et l’exploitation de cette usine de recyclage devraient créer approximativement 330 emplois directs et 1 500 emplois indirects, dont 500 pour la phase de construction de l’usine, qui devrait s’achever en 2025. La majorité de ces emplois seront créés sur le territoire de Caux Seine Agglo et ses alentours, dans les secteurs des transports, des infrastructures et de l’énergie. A noter qu’à Port-Jérôme, au-delà de trois unités nécessaires au recyclage, une usine de production d’énergie pour les alimenter, une unité de traitement des eaux usées, ainsi qu’un centre de recherche et un centre de formation viendraient enrichir le site industriel.

recyclage moléculaire eastman
carte du site eastman
Caux Seine Développement

Bon à savoir

À noter que ce projet d’envergure a fait l’objet d’une concertation publique en novembre 2022. L’occasion de vous informer, de participer et d’enrichir le débat. Retrouvez tous les détails sur https://www.concertation-eastman-normandie.fr/index.html

L’usine de recyclage de plastiques complexes va s’implanter sur une parcelle de 30 à 40 hectares dans la ZAC de Port-Jérôme II, à proximité de l’usine du Syndicat d’Élimination et de Valorisation Énergétique des déchets de l’Estuaire (Sevede). En juin 2023, le projet est au démarrage de la phase préparatoire du chantier et a publié les premiers plans 3D de l’usine.

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