Après un chantier titanesque, l’EPR de Flamanville, dans la Manche, est en phase de démarrage. La construction de ce réacteur nucléaire nouvelle génération, qui renforce l’indépendance énergétique de la France avec la production d’électricité bas carbone, est un des projets industriels les plus ambitieux de ces dernières années.

10 infos à connaître sur l’EPR de Flamanville

EDF / Alexis Morin
  • 57e réacteur nucléaire français,  4e EPR en service dans le monde
  • 1 650 MWe (mégawatts) de puissance
  • Une production annuelle de 13 TWH (térawatt-heure), soit la consommation de 3 millions de foyers français
  • Durée de vie programmée de 60 ans
  • 4 500 emplois directs durant la phase de construction
  • 1 400 emplois permanents (EDF et partenaires) pour l’exploitation et la maintenance
  • 400 000 m3 de béton coulés
  • 50 000 tonnes d’armatures assemblées
  • 1 800 km de tuyauterie
  • Coût : 13,2 milliards d’euros (EDF)

Le 5 septembre 2024, le cœur de l’EPR de Flamanville, a commencé à battre. C’est la première fois, depuis 25 ans, qu’un nouveau réacteur nucléaire est mis en service en France… Historique, le moment signe aussi la fin d’un chantier qui a suscité autant d’intérêt qu’il a essuyé de critiques.

Un réacteur plus puissant, plus sûr et moins gourmand

L’European Pressurized Reactor (EPR) est né à la fin des années 1980, sous l’impulsion des industriels français et allemand, Framatome (puis Areva) et Siemens. Un million d’heures d’études seront nécessaires pour mettre au point ce réacteur à eau sous pression nouvelle génération.

Plus évolutif que disruptif, l’EPR est plus puissant (1650 MWe pour Flamanville 3, contre 1300 MWe pour Flamanville 1-2, par exemple) et plus sûr que ces prédécesseurs. Cette technologie divise par dix le risque de fusion du cœur et améliore sensiblement la radioprotection des travailleurs. L’EPR est aussi conçu pour consommer moins de combustible (17% de moins par unité d’énergie produite) et pour pouvoir utiliser du MOX, un assemblage issu du recyclage du combustible nucléaire.

Un chantier hors norme

En 2004, le gouvernement français donne son accord pour un premier EPR sur son sol. Alors que le parc nucléaire hexagonal est vieillissant et que la demande en électricité ne cesse de croître, sa construction est une garantie pour l’avenir énergétique du pays. EDF, maître d’œuvre du projet, sélectionne Flamanville, dans la Manche, pour accueillir le géant nucléaire. Le site, qui ne compte que 2 réacteurs (Flamanville 1-2) sur les 4 prévus à l’origine, possède encore suffisamment de place. Sa situation en bord de mer assure quant à elle l’apport continuel en eau froide dont les réacteurs nucléaires ont besoin, comme des conditions climatiques tempérées.

EDF/ Antoine Soubigou

Le chantier démarre officiellement en 2007. Bouygues Travaux Publics, Quille Construction et DTP se voient confier la conception et la construction de l’enveloppe de l’EPR. L’ensemble comprend 12 bâtiments – dont 4 bâtiments indépendants de sauvegarde -, la salle des machines et l’enceinte du bâtiment réacteur. Les chiffres ont de quoi donner le tournis : 400 000 m3 de béton sont coulés, 50 000 tonnes d’armatures assemblées, 1800 km de tuyauterie posés.

Il s’agissait d’un chantier hors du commun, avec des quantités et des moyens gigantesques déployés. Nous avions par exemple pas moins d’une vingtaine de grues à tour en action simultanée sur ce site exigu, coincé entre la falaise et la mer

Le niveau de technicité de l’installation et d’exigence en matière de sécurité amène les entreprises à utiliser des matériaux et des techniques de pointe. “ La complexité du béton armé était encore du jamais vu. Les ingénieurs ont dû mener des réflexions poussées pour trouver des solutions techniquement réalisables, tout en conservant le niveau très élevé de sûreté attendu, poursuit Jean-Charles Philippart, aujourd’hui directeur de l’agence de Rouen de Bouygues Travaux Publics Régions France. 

L’autorisation de mise en service délivrée en mai 2024

Malgré des difficultés (défaut de cuve et de soudures, durcissement des normes après Fukushima) qui entraînent retards et surcoûts, le chantier, mené sous le feu des projecteurs, se poursuit. Le radier commun (dalle de fondation en béton du bâtiment du réacteur, du bâtiment combustibles et des bâtiments de sauvegarde) est coulé en 2008 et la salle des machines est achevée en 2011. Le dôme du réacteur (240 tonnes à lui seul) est posé en 2013, avant l’introduction de la cuve l’année suivante. En 2015, les générateurs de vapeur et le pressurisateur intègrent le bâtiment réacteur, avant que le bétonnage de l’enceinte ne soit achevé.

L’EPR représente le haut de gamme du génie civil à la française

EDF / Alexis Morin

La construction de l’EPR de Flamanville s’achève début 2024, après 16 ans de travaux, pendant lesquels l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a effectué près de 600 inspections. Le 7 mai 2024, elle délivre à EDF l’autorisation de mettre en service l’EPR. Dès le lendemain, EDF opère le premier chargement de combustible nucléaire pour débuter la mise en route progressive du réacteur. L’EPR de Flamanville sera  raccordé au réseau à l’automne 2024. À terme, il fournira en électricité bas carbone – la production d’électricité d’origine nucléaire n’engendrant que très peu d’émissions de CO2 – quelque 3 millions de foyers français.

L’impact économique et social de l’EPR sur le territoire

EDF/ Antoine Soubigou

Des milliers d’emplois directs et indirects ont été créés pour répondre aux besoins du chantier, avec une main d’œuvre locale à plus de 50 % dès le démarrage. Le label “Grand Chantier”, attribué à l’EPR dès 2008, a contribué à recruter et former 1 400 demandeurs d’emplois locaux. Le dispositif a aussi permis de financer 58 projets d’aménagement dans tous les domaines (infrastructures routières, petite enfance, sport, santé, économie) pour accueillir les salariés de l’EPR (chiffres EDF).

La technologie EPR, qui a démontré la capacité de la France à développer des technologies nucléaires de pointe, s’est déjà exportée en Chine (deux réacteurs sont en service depuis 2018 et 2019) et en Finlande (mise en service en 2021). Deux EPR sont également en cours de construction à Hinkley Point C, au Royaume-Uni.
En France, le Président de la République a annoncé en février 2022 la construction de 6 nouveaux EPR de plus petite taille. EDF prévoit d’implanter les deux premiers EPR 2 à Penly, en Seine-Maritime. Leur mise en service est attendue en 2035.

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