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Coup de cœur, opportunité, choix de vie, de carrière, rencontres… les raisons sont légion, toujours légitimes : mais qu’il soit mûrement réfléchi ou fruit d’un hasard, leur choix de s’installer en Normandie recèle bien souvent un passionnant récit.

 

En trois temps, trois mouvements, ils nous racontent leurs questionnements antérieurs à la décision ; révèlent le réel des premiers mois de leur expatriation en terres normandes et délivrent conseils et découvertes grâce au recul des années.

Journal de bord – Loïc Lecanu

Je ne voulais pas me réveiller à 50 ans avec le regret de ne pas avoir essayé. Je ne voulais pas me dire, 10 ans plus tard, que c’était trop tard, les enfants sont à l’école, on s’est mis un crédit sur le dos à Paris, j’aurais dû le faire avant… comme je l’ai trop entendu autour de moi. Si on se plante, ce n’est pas grave, au moins, nous aurions essayé.

 

Le premier témoignage de cette série, nous le devons à Loïc, 44 ans, qui a quitté Paris, avec sa femme et sa fille aînée, pour s’installer, fin août 2016, à Bayeux, dans le Calvados.

 

Profil

 

Né en Banlieue est, Loïc est un « pur produit d’Île-de-France » (ses mots !) A 24 ans, il passe le cap du périph’ pour Paris centre, y déroule quelques années avant de rencontrer sa femme. Ensemble, ils décident de s’installer à Vincennes puis après un premier changement de carrière, dans le 92, à Châtillon.

Côté formation, une maîtrise de sociologie du risque et de l’environnement à Marne-la-Vallée, le conduit à Jussieu, pour un DEA de psychosociologie des relations de pouvoir. En 2001, Loïc s’empare de son premier poste, directeur technique de l’association nationale Fais-nous rêver, devenue l’Agence pour l’éducation par le sport. Une expérience formatrice qui lui révèle le concret du monde du travail : management, rétroplanning, animation de réunions… En mai 2007, ce premier cycle professionnel s’achève : Loïc intègre alors le ministère des Sports sur un poste de contractuel. Toujours avec cette même passion : défendre l’insertion par l’activité physique.

9 ans plus tard, les bouleversements arrivent. 

 

Voilà pour le background : place à l’histoire !

 

 

Episode 1 – « Avant »

Déclic(s)

Nous sommes en 2016, Loïc est à l’aube de ses 40 ans. Au boulot, il aspire à de nouveaux challenges : il a perfectionné sa formation et sent qu’il a terminé un nouveau cycle professionnel.

D’un œil d’abord distrait puis de plus en plus attentif, il parcourt régulièrement la Bourse interministérielle de l’emploi public – sorte de Pôle Emploi des fonctionnaires – qui lui fait découvrir de multiples et nouveaux possibles. Mais son statut de contractuel au ministère des Sports l’empêche de postuler.

Fort de sa formation initiale, il prend un premier tournant et décide de passer le concours d’ingénieur d’études avec une spécialisation communication/médias pour le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. L’objectif ? Devenir titulaire et s’ouvrir ainsi les portes de la mobilité professionnelle. 

 

« On savait qu’on allait partir un jour. Mais la question du statut administratif et donc de la recherche d’emploi se posait comme une limite. Plusieurs choses se sont télescopées cette année-là… Il s’agissait quelque part de commencer à aligner les planètes. »

 

Si le déclic se fait pressant en 2016, l’idée chemine en effet déjà depuis quelques années chez le couple, qui a su profiter de quelques week-ends dans de grandes villes de France pour repérer un futur cadre de vie. Nantes ou Lyon, pourquoi pas. Aix-en-Provence ? Paris en moins bien et un peu trop chaud…

 

Autre évènement, et pas des moindres : la naissance de leur fille, ce même printemps 2016.

 

« L’arrivée de notre fille a fait qu’à l’instar de beaucoup de Parisiens, on a commencé à reconsidérer nos priorités. 1400 euros de loyer, la maison avec travaux la plus proche et la moins chère à 500 000 euros…

Je commençais également à saturer, notamment du bruit, j’arrivais à un point où j’avais vécu ce que je voulais vivre à Paris.

Il y avait des choses qui me plaisaient ou que je tolérais, que j’ai eu envie d’évacuer, quasiment du jour au lendemain. »

 

Ce sentiment, il le partage avec son épouse, Aurélia, qui travaille dans un grand groupe, et souhaite prendre un long congé parental pour passer du temps avec leur enfant. Être prêt mentalement, prêt dans une situation de famille, prêt en termes de statut… ce printemps 2016, les planètes commencent à s’aligner et les plans deviennent de plus en plus tangibles.

Le choix de la Normandie

 

La Normandie, comme de nombreux Parisiens, Loïc la fréquente les week-ends et les vacances, profitant d’une ancienne petite maison de famille à Trouville, avec vue sur mer.

 

« A chaque fois, le dimanche, c’était un vrai crève-cœur de rentrer : on était tellement bien !

J’avais une espèce de fantasme : pouvoir me dire, en rentrant du boulot, que je m’arrêterais à la plage pour décompresser pendant 10 mn ou 1h avant de rentrer à la maison… l’idée me subjuguait. »

 

Une expérience qui les conduit naturellement à orienter leurs recherches vers le Calvados. Nouveau signe du destin : un mois après son concours, en avril, Loïc repère un poste de délégué du préfet, à Caen. Un domaine d’activité qui lui plaît et une structure nouvelle qu’il ne connaît pas : un cocktail gagnant pour impulser de nouveaux challenges. L’entretien est prévu fin mai.

Le couple commence donc à sonder le terrain – l’idée n’est pas de vivre à Trouville – et fait appel à quelques membres de la famille et amis, installés à Caen, pour recueillir des conseils.

Le nom de Bayeux revient, souvent. Première visite, coup de cœur. Deuxième visite… coup de cœur. A la troisième, c’est confirmé : si Loïc a le poste, c’est à Bayeux que la famille s’installera.

 

« On s’était imprégnés de la ville, on allait à la rencontre des commerçants, le contact humain était bon, on était plutôt bien accueillis. Je me suis dit : si j’ai le poste, on largue Paname. »

Mobilité professionnelle… mobilité, tout court

 

L’entretien se passe bien et confirme l’intuition de Loïc. Seul détail non négligeable : la mobilité. Comme il se déplace essentiellement dans les rues de la capitale à vélo, scooter ou métro, Loïc n’a pas le permis. Dont acte. Profitant d’une « faille temporelle » – il se passe plus d’un mois entre l’entretien et l’annonce de son recrutement – Loïc commence à potasser le code, seul. A l’annonce de son recrutement, en juillet, c’est le branle-bas de combat : il a un mois, un mois et demi pour décrocher le précieux sésame. Accompagné par une auto-école, 5 heures par jour, Loïc travaille le code, enchaîne les heures de conduite – traverse « l’enfer » dans les rues de la capitale – et obtient, en deux fois, et trois semaines, le permis.

« Que j’avais le permis ou non, nous venions : j’avais accepté le poste ! Au pire des cas, au début, je laissais mon scooter à la gare de Caen, et faisais mes déplacements entre Caen et Bayeux en train.

17 minutes de train, quand, dans une représentation parisienne, il est tout à fait admis d’avoir 1h30 de transport le matin, 1h30 de transport le soir, ce n’est rien, surtout dans des conditions humaines, qui n’ont rien à voir avec le RER B.

Mais, et c’est un message que j’adresse à tous les futurs expats qui arrivent : sans permis, ce n’est pas souhaitable et ce n’est pas possible. On doit sortir de notre focale de Parisien. Faire ses courses, emmener ses enfants aux activités… Sans voiture, c’est la chronique d’un échec annoncé. »

Port-en-Bessin

Un accueil primordial

 

Au-delà du travail, pour se projeter sereinement, l’accueil et le cadre de vie sont tout aussi primordiaux et en particulier, pour le couple, l’accueil de leur fille en crèche. Loïc avait heureusement pris les devants en contactant les structures bayeusaines, s’assurant une place à la rentrée 2016.

 

« C’est un élément crucial, surtout quand on connaît la difficulté pour trouver. A Paris, on avait la chance extraordinaire d’avoir une place via l’entreprise de ma femme, qui travaillait dans un grand groupe. Cette place à Bayeux, avant que l’on arrive, était un véritable confort. »

 

Prévoyant, Loïc contacte également la mairie de Bayeux et conte les détails de son arrivée prochaine. Au bout du fil, l’accueil est bienveillant. On lui transmet spontanément et rapidement une série de documentations diverses sur la ville : cartes, informations culturelles, liste d’agences immobilières, quartiers fléchés, le tout avec des petits mots et des appréciations… tout est fait pour que leur arrivée soit facilitée.

 

« Plein de petites attentions qui nous ont fait gagner un temps fou et qui nous ont rassurés. On avait un interlocuteur ! J’ai trouvé cette notion d’accueil aussi déterminante. Le simple fait de répondre aux questions, d’accueillir avec le sourire, de répondre à ses engagements, c’est très agréable. Ce sont des détails qui font la différence – dans un timing assez rapide, c’est hyper rassurant. »

Recherches immobilières

 

Qui dit changement de vie, dit donc nouveau logement. Après 22m2 à Belleville, 40m2 à Nation, puis 60m2, à deux, à Vincennes, et leur maison – avec jardin – de 80m2, à Châtillon – Loïc souhaite louer quelque chose de grand, de bien isolé et disponible rapidement.

 

« La maison à Châtillon était à deux pas du métro et dans le vieux centre mais c’était 1400 euros par mois, 35° l’été et 22° max l’hiver avec les radiateurs… Et à Paris, c’était impossible d’accéder à la propriété… à moins de partir sur un crédit de 25-30 ans, ce qui était générateur de crises d’angoisses pour moi ! »

 

Le couple prend donc contact avec des agences immobilières transmises par la mairie de Bayeux. Appartements dans le centre-ville, maisons… au fil des visites, les critères s’affinent. Premier constat : le rapport qualité/prix n’a rien à voir avec Paris et sa région.

Et, comme bien souvent, la dernière maison sur la liste se révèle un coup de cœur : 500 mètres du centre commerçant, un très beau jardin de 1300 m2, des arbres fruitiers, une surface habitable de 80m2 doublée par un étage… pour 750 euros par mois.

« Au bout de 3 minutes, on a dit à l’agent immobilier : vous pouvez arrêter la visite, on prend ! Dans notre imaginaire de Parisiens, cela répondait à tous les critères et plus que ça même. Du jour au lendemain, on avait une amélioration du cadre de vie, amélioration du niveau de vie, tout allait bien, c’était assez évident. »

 

 

Le 25 août 2016, Loïc et sa famille emménagent à Bayeux, ils ont une semaine pour se mettre en place, avant la prise de fonction de Loïc, le 1er septembre.

Permis, et voiture… ok. Maison et déménagement… ok. Place en crèche… ok. Une sérénité bienvenue dans ce changement de vie.

 

« Même en étant bordés, même en étant en famille, même rassurés, et dans une espèce de cocon… on ne va pas se le cacher, il faut un temps pour digérer ! »

Au prochain épisode…

Loïc nous partagera le quotidien de ses premiers mois normands… Doutes, questionnements, découvertes : un aperçu nécessaire d’une expatriation assumée dans un nouveau cadre de vie, mais qui révèle parfois bien des surprises.

 

« C’est parfois un peu brutal, parfois un peu violent… parce qu’on change de tout : d’habitudes de vie, de rythme, de repères, on est dans une forme d’insécurité mentale. »

 

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