L’Irlande ? C’est la Guinness, des plaines verdoyantes et une histoire conflictuelle. Mais pas seulement. Depuis près de 850 ans et une invasion, le pays cultive une proximité avec la Normandie qui perdure aujourd’hui.
Un top 5 non exhaustif des liens qui nous unissent, à découvrir ci-dessous !
Acte I : une invasion
Après la conquête de l’Angleterre en 1066 par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant, c’est au 12ème siècle que les Normands s’intéressent à l’Irlande. Plusieurs étapes voient nos ancêtres s’emparer de l’île d’Émeraude. La première se joue en 1169 : soutenue par Henri II d’Angleterre, l’invasion répond à la demande du roi de Leinster Dermott MacMurrough, chassé de ses terres. Une invasion rendue possible notamment grâce à Richard de Clare, aussi appelé Strongbow. Souvent considéré comme l’un des premiers « colonisateurs » anglo-normands de l’Irlande, il épouse en échange de son aide, Aoife, la fille de MacMurrough, et hérite ainsi de ses terres.
Grâce à leur supériorité militaire, la construction de plusieurs châteaux défensifs et l’absence d’opposition cohérente, les Normands poursuivent leur tentative de conquête de différents royaumes au fil des ans. En 1177, Henri II Plantagenêt – petit-fils de Guillaume – débarque à Waterford. Il adopte une nouvelle politique et déclare son fils John « Lord of Ireland ». Le territoire occupé devient ainsi la seigneurie de l’Irlande et fait partie de l’empire angevin.
Acte II : des fortifications
Comme en Angleterre, l’Irlande découvre le système architectural et défensif des Normands, à travers l’édification d’imposants châteaux. On peut citer le Bunratty Castle, situé dans le comté de Clare, le Malahide Castle, dans le comté de Dublin, le King John’s Castle à Limerick, le Rock of Cashel, situé dans le comté de Tipperary ou encore le Blarney Castle, dans le comté de Cork, connu par ailleurs pour sa fameuse pierre de l’éloquence…
L’objectif pour les différents chevaliers normands ? Protéger les terres conquises d’éventuels résistants. Un style architectural différent, caractérisé également par des églises ou des abbayes en pierre, telles que St Patrick’s à Dublin, St Mary’s à Limerick et St Canice’s à Kilkenny.
On peut noter aussi la division des champs en haies – notre fameux bocage ! – et la délimitation des différents comtés, en plusieurs territoires indépendants.
Acte III : échanges et dialectes
Comme bien souvent en cas d’invasion, cultures autochtones et étrangères se mêlent et s’entremêlent pour ne faire qu’un au fil des générations. Les Normands ont ainsi apporté avec eux des mots français et ont également encouragé l’utilisation de l’anglais, ce qui a contribué à la forte expansion des deux langues en Irlande…
On retrouve d’ailleurs plusieurs mots du patois normand dans le gaélique irlandais, tels que Cóta – qui veut dire « manteau », un dérivé de « cote », ou encore le mot « broc » qui désigne, comme en Normandie, « cruche ». Butler, Lynch, Power, Joyce, Fitzgerald, Fitzmaurice, Tobin, Redmond, Shefflin, et même Joyce comme pour James Joyce, le célèbre auteur irlandais du roman Ulysse… Évocateurs, ils vont vous surprendre : ces noms de famille sont d’origine normande.
Acte IV : une ville à reconstruire
Rapprochons-nous sur la grande frise du temps : saviez-vous qu’en 1944, la fameuse Croix-Rouge s’est installée en Normandie, à Saint-Lô ? Au lendemain de la guerre, la ville préfecture – comme tant d’autres à l’époque – est laissée exsangue – les édifices de la ville manchoise, y compris l’hôpital, sont en ruines.
Pour gérer l’afflux de civils, le ministre irlandais de l’époque en visite sur place, décide de mandater la Croix Rouge irlandaise. Hommes et matériels débarquent à Cherbourg et gagnent Saint-Lô afin d’y construire un hôpital de 25 baraques en bois pour une centaine de lits. Parmi ces bénévoles ? Un autre auteur irlandais, le fameux Samuel Beckett…
Une histoire de générosité incroyable à découvrir :
Acte V : liens économiques, maritimes et estudiantins !
Présent… et avenir : depuis le Brexit, l’Irlande est devenue le pays anglophone le plus proche de la Normandie au sein de l’Union Européenne.
Une aubaine également dans le cadre de transactions économiques. Au départ de Cherbourg en Ferry, la terre celtique se dévoile intensément à mesure que l’offre de transport maritime se renforce. Enfin, en juin 2022 puis février 2023, une délégation normande s’est rendue en Irlande. Objectifs : promouvoir le dynamisme économique et touristique d’une part mais également développer les échanges, notamment universitaires, à travers des collaborations renforcées et la signature d’un partenariat entre l’EM Normandie et l’Université technologique de Dublin.
Loin des invasions, c’est bien tout un travail de coopération intelligente qui s’observe entre l’Irlande et la Normandie.
Une amitié solide et sereine qui s’est exprimée dans le cadre du Normandy Food Tour, du 3 au 5 juin 2023. Organisé par le Comité régional du tourisme, ce périple gourmand a traversé trois villes symboliquement liées à la Normandie : Dublin, Waterford et New Ross.
L’objectif ? Renforcer les liens avec l’Irlande où la population revendique de plus en plus ses racines normandes.
Retour en images sur le Normandy Food Tour 2023
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