Face aux grands chantiers qui se profilent en région, les besoins en compétences des entreprises s’annoncent colossaux. Pour y répondre, la Région a mobilisé ses partenaires autour du projet “Normandie, Nucléaire, Nouvelles compétences” (3NC). Objectif : former plus de 5400 personnes par an d’ici 2030. Le programme vient de démarrer, avec 24 premières classes ou options 3NC, dès la rentrée 2024.

Les chiffres à retenir

  • 17 600 actifs dans la filière
    La Normandie est une région leader du nucléaire en France.
  • 10 000 salariés à recruter
    C’est le besoin des entreprises dans les 10 ans à venir.
  • 5400 personnes formées par an
    Du CAP au Doctorat, à l’horizon 2030, grâce au projet 3NC.
  • 37 partenaires régionaux mobilisés
    publics et privés
  •  64 M€
    C’est le montant total du projet.

Faire face à l’avenir

Avec ses grandes centrales, ses entreprises leaders (EDF, Orano) et ses quelque 18 000 salariés, la Normandie figure parmi les premières régions de l’industrie nucléaire française. Et de grands chantiers s’y profilent encore :  EPR2 de Penly, modernisation des centrales existantes, opérations de démantèlement, création d’infrastructures de traitement de combustibles… Pour les mener à bien, les entreprises auront besoin, localement, de 10 000 salariés formés et opérationnels dans les 10 ans à venir.

EDF
Chantier-EPR-Flamanville

Pour y faire face, la Région a mobilisé ses partenaires et répondu à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) ‘Compétences et métiers d’avenir’, lancé en 2022 dans le cadre de France 2030. Élu lauréat, le projet 3NC bénéficie ainsi d’un financement d’État de 42 M€, sur les 64 M€ total du projet. La Région et les entreprises contribuent respectivement à hauteur de 6,1 M€ et 10 M€ (dont EDF, Eiffage, Orano, Enedis).

Ilona Huthwohl, directrice du projet 3NC en Normandie

En soi, le projet 3NC est hors norme : il rassemble un consortium de 37 acteurs publics et privés qui travaillent ensemble pour adapter la formation régionale aux besoins du terrain. Il en résulte des parcours de qualité, qui vont mener les jeunes directement sur le marché de l’emploi.

Renforcer la capacité de formation de la région

Universités, écoles d’ingénieurs, pôles de formation, Éducation Nationale : la Normandie propose déjà un large panel de parcours dédiés au nucléaire et à la radioprotection. L’enjeu du projet 3NC est de renforcer la capacité de formation de la Région dans tous les domaines techniques : génie civil, travaux publics, industrie, etc. Car, sur les grands chantiers nucléaires, les entreprises auront besoin d’ingénieurs mais aussi et surtout d’automaticiens, canalisateurs, conducteurs d’engins….

En formant des jeunes et des personnes en reconversion à tous ces métiers, le projet 3NC vient ainsi soutenir le développement de toutes les entreprises locales, comme des infrastructures d’énergie décarbonée sur le territoire.

Ilona Huthwohl, directrice du projet 3NC

Créer de nouveaux cursus, adapter ceux qui existent déjà

Photo 911
INSTN-Ecole métiers nucélaire Normandie

Notre objectif est de former, à l’horizon 2030, 5 400 personnes, en formation initiale ou en reconversion, via des parcours allant du CAP au doctorat, détaille Ilona Huthwohl. Pour y parvenir, de nouvelles formations sont mises en place. Dès la rentrée 2024, l’Ecole des Travaux Publics de Normandie (ETPN), déjà présente à Alençon, ouvre une nouvelle antenne à Rouen. A Caen, l’école d’ingénieurs Builders ouvre une spécialité de master en génie civil adapté au nucléaire. Le CNAM, comme le Pôle Formation UIMM Rouen Dieppe, développent des cursus en Seine-Maritime et dans l’Eure.

Parallèlement, des formations déjà présentes sur le territoire seront adaptées pour répondre au plus près aux besoins des entreprises de la filière, principalement grâce à des options supplémentaires. C’est le cas dans les écoles d’ingénieurs de la région : à Caen chez BUILDERS, l’ENSICAEN ou l’ISEN, à Rouen à l’INSA, l’ESIGELEC ou au CESI, au Havre à l’ISEL ou à Cherbourg à l’ESIX, qui proposent des cours adaptées au secteur nucléaire. Les universités de Caen Normandie et Rouen Normandie préparent également de nouveaux plateaux techniques pour répondre aux besoins des entreprises.

Une nouvelle façon de travailler dans le cadre du consortium initié

Le consortium créé dans le cadre de l’AMI ‘Compétences et métiers d’avenir’ du programme France 2030 réunit les établissements de formation, les employeurs et les collectivités. “ Il constitue un écosystème qui facilite les interactions entre les partenaires du projet, au bénéfice immédiat des futurs diplômés, du territoire qui les accueille et des entreprises.

La carte des formations nucléaire en Normandie

Faire changer les représentations

Autre enjeu : attirer le public vers les formations du plan “Normandie Nucléaire, Nouvelles Compétences”. Les métiers du technique et de l’industrie souffrent aujourd’hui d’un problème d’image. Les classes, dans les lycées professionnels et les Centres de Formation d’Apprentis (CFA) ne font pas le plein. ” A nous de les faire changer les représentations, en montrant que la filière est porteuse, qu’elle recèle de belles opportunités professionnelles et de métiers passionnants “, souligne Ilona Huthwohl. L’attractivité des formations sera notamment renforcée avec le concours de l’Agence régionale de l’orientation et des métiers de Normandie.

EDF

Attirer les talents de tous horizons

C’est une réalité démographique : le vivier de jeunes normands ne suffira pas à remplir les formations 3NC. L'un de nos objectifs est donc d’attirer aussi des étudiants venus d’autres régions et d’autres pays sur nos formations.

Un groupe de travail planche déjà, dans ce cadre, sur la manière d’aborder les jeunes des pays qui ont des programmes nucléaires, l’opportunité de créer des partenariats ou des programmes d’échanges…

Projet 3NC : la Normandie forme massivement au nucléaire
Photo 911

La féminisation des compétences, autre enjeu du projet 3NC

C’est un fait : les métiers techniques sont encore trop peu occupés par des femmes. Un point que le projet 3NC vise à faire évoluer avec pragmatisme. Les dispositifs qui existent et fonctionnent déjà sur le territoire pour attirer les jeunes femmes vers les formations scientifiques et techniques seront étendus. C’est le cas, par exemple, du ‘Girl’s Day’, initié à Dieppe au lycée Pablo Neruda, au cours duquel des lycéennes présentent leur parcours à des collégiennes. Une grande campagne de communication sera aussi menée sur les réseaux sociaux, dès 2025, à destination des jeunes en général et des jeunes femmes en particulier.

Favoriser l’équité territoriale

Des plateaux techniques seront développés ou modernisés dans 5 lycées. Ils constitueront des “ Pôles de références ” répartis sur toute la région. ” Grâce à ce réseau, les jeunes de tous les lycées, en BAC pro ou BTS, qu’ils soient en zone urbaine ou rurale, pourront bénéficier de ces équipements d’excellence. ” Une manière d’assurer une équité territoriale dans l’accès à la formation.
La volonté est aussi de proposer des parcours de formation visibles et lisibles pour les élèves, les étudiants, les apprentis et leurs familles.

EDF

Des métiers d'avenir en Normandie

Les jeunes seront spécifiquement accompagnés dans la construction et l’évolution de leur parcours en lien avec la filière nucléaire et les besoins en compétences du territoire normand et ce, jusqu’au niveau qui leur convient.

Avec le projet 3NC, la Normandie ouvre la voie

Autant de dispositifs qui pourront être répliqués dans d’autres régions de France. Car si le projet 3NC consiste avant tout à répondre localement aux besoins en compétences,  il vise aussi à créer des modèles de formation au service de toute la filière nucléaire française.Avec ce projet, la Normandie est une terre d’expérimentation pour les autres régions. Les dispositifs de formation 3NC pourront être diffusés nationalement, notamment via l’Université des métiers du nucléaire, créée par EDF.

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