Des cargos à voile, des moteurs électriques sans hélice, des bateaux à chenilles rétractables : sûres d’y trouver un écosystème favorable, de nombreuses entreprises de la filière maritime et fluviale mettent le cap sur la Normandie pour y développer leurs innovations. Forte de ses 640 km de côtes, de ses infrastructures portuaires et industrielles et de sa position sur l’Axe Seine, la Normandie est considérée comme un leader de l’économie bleue en France.
L’eau irrigue toute l’économie
Façade maritime majeure de l’Hexagone, la Normandie compte 34 ports, dont deux parmi les plus importants de France, Le Havre et Rouen.
Son économie est directement connectée avec la mer, avec des activités traditionnelles (pêche, aquaculture, construction navale, tourisme, EMR) et des entreprises innovantes qui choisissent de s’y implanter (Siemens Gamesa, Ayro, Towt…).
La Seine relie quant à elle la région à Paris. Un axe majeur qui concentre déjà 50 % du fret fluvial et qui devrait poursuivre son développement dans les années à venir avec la décarbonation du transport routier…
Des réseaux pour structurer la filière
- Normandie maritime fédère et valorise les entreprises de la filière maritime et fluviale. L’association, qui compte 150 adhérents, concentre son action sur le développement commercial (business, développement à l’export), la promotion du savoir-faire normand, ainsi que la formation et l’emploi.
- Normandie Fraîcheur Mer est le groupement des marins-pêcheurs, criées et mareyeurs de Normandie. L’association agit, notamment, pour la formation des pêcheurs, le conseil qualité, la promotion des produits de la pêche et la valorisation des coproduits, l’approvisionnement local de la restauration…
Les voiles de la filière maritime et fluviale en Normandie
L’activité portuaire
Les ports sont les points d’ancrage de l’économie maritime et fluviale en Normandie. HAROPA PORT (ports du Havre, Rouen et Paris rassemblés) constitue le premier ensemble portuaire de France. Le Havre est le 1er port français pour le commerce extérieur, le trafic de conteneurs, l’approvisionnement énergétique, l’import-export de véhicules neufs, les vins et spiritueux.
Rouen est, quant à lui, le premier port exportateur de céréales (2 700 bateaux, 8,6 millions de tonnes de céréales chargées en 2022).
Les ports de Cherbourg, Caen-Ouistreham et Dieppe (Ports de Normandie) voient ainsi transiter 2 millions de passagers, 6,5 millions de tonnes de marchandises et 200 000 poids lourds par an via leurs terminaux. Les autres ports de Normandie sont gérés par des structures départementales : la SEMOP Ports du Calvados pour les ports d’Isigny-sur-Mer, Grandcamp-Maisy, Port-en-Bessin, Dives/Cabourg/Houlgate, Courseulles-sur-Mer, Deauville/Trouville et Honfleur ; la SPL des Ports de la Manche pour les ports de pêche et de commerce de Granville ainsi que plusieurs ports de plaisance et d’échouage du département ; le département de Seine-Maritime gère quant à lui les ports de pêche de Fécamp, du Tréport et du Havre.
Autour de ces infrastructures gravitent de nombreuses activités de manutention (AMC, SOGEMAR,…), de travaux portuaires (SPIE industrie,…), de services maritimes (Coopérative maritime de lamanage des ports de Rouen et Dieppe, Benjamin Bon Travaux Maritimes, TSM…) ou encore de services numériques (Soget, leader mondial des solutions digitales pour la facilitation portuaire, etc.).
L’activité fluviale
En 2020, 22 millions de tonnes de marchandises ont été transportées sur le bassin de la Seine ! Des chiffres appelés à se développer dans les années à venir et qui pourraient faire de Rouen une place forte de l’activité fluviale en France. La Normandie concentre une cinquantaine d’établissements du secteur, principalement de transports de marchandises.
Quelques compagnies de tourisme, dont l’armateur CroisiEurope ou Normandie Croisière sont aussi présentes.
La construction navale et la maintenance
La Normandie est une référence en matière de construction nautique et navale. À Cherbourg, Naval Group (conception de sous-marins), les CMN (bâtiments militaires), Efinor (navires professionnels en aluminium) ou Grand Large Yachting (bateaux de plaisance et sociétés de service) figurent parmi les entreprises reconnues.
La Normandie attire aussi des PME très innovantes. La start-up Ayro a choisi le bassin de Caen pour implanter son usine de construction d’ailes rigides (Oceanwings®), qui diminuent la consommation de carburant des navires. Elles ont par exemple équipé le Canopé, chargé d’emmener des éléments d’Ariane 6 jusqu’en Guyane…
La pêche
Avec 2 200 marins, 600 bateaux et 61 000 tonnes de poissons par an (150 M€ de chiffre d’affaires), la Normandie est la 2e région de pêche française. Elle truste la première place pour les coquillages de pêche (15 000 tonnes de coquilles Saint-Jacques, 8 000 tonnes de bulots, 4 100 tonnes de moules de pêche), la production d’huîtres et la production de saumons d’élevage.
A Cherbourg, Saumon de France est l’unique élevage de saumons élevés en pleine mer, dans la rade… Un produit reconnu et apprécié pour sa chair ferme et fondante !
La plaisance
La mer, c’est aussi du plaisir ! La Normandie compte 24 ports dédiés à la plaisance dont ceux de Ouistreham, Cherbourg, Dieppe et Le Havre. Au total, la région offre 13 000 anneaux (8 % de l’offre nationale) et compte plus de 100 000 bateaux immatriculés (10 % du parc national).
Le secteur emmène, dans son sillage, des équipementiers (Shoreteam, Karver, AEK, Voilerie Granvillaise…), concessionnaires (Nauti Plaisance, SNIP Yachting), des entreprises de services (Kerboat Services, North Boat), de négoce (IDEAL Yacht) ou de tourisme (Esprit grand Large, Multihull)…
Les énergies marines renouvelables
La Normandie est considérée comme le 1er gisement d’énergies marines renouvelables français en éolien offshore et en hydrolien. La région accueille un tiers des projets d’éoliens offshore de la façade ouest : Dieppe-Le Tréport (62 éoliennes, 500 MV, 2025), Fécamp (71 éoliennes, 500 MV, 2025), Courseulles-sur-Mer (64 éoliennes, 450 MV, 2025), ainsi que Centre Manche 1 (1GW) et 2 (1,5 GW), dont la mise en service est prévue pour 2031/2032.
De nombreuses entreprises normandes participent aux travaux de mise en place de ces parcs (études environnementales, expertise sous-marine, transport de personnel en mer et gardiennage…). Des investissements ont été réalisés pour adapter les infrastructures portuaires aux besoins des industriels du secteur et des bases de maintenance ont été inaugurées sur les ports de Fécamp et de Ouistreham.
Les plus grandes entreprises de la filière se sont implantées en Normandie (LM WIND Power à Cherbourg, Siemens Gamesa, au Havre…)
Top 3 des innovations normandes
01
Les bateaux à chenilles rétractables
Un bateau équipé d’un système de chenilles rétractables, capable de se mettre facilement à l’eau, mais qui ne rogne ni sur les performances ni sur le design ? Antoine Brugidou l’a fait !
En quelques années, Iguana Yachts, a développé plusieurs modèles et s’est fait une place de choix sur le marché du yacht de luxe. Son dernier né, l’Iguana Foiler, premier bateau amphibie électrique à foils du marché, sortira en 2024.
02
Un moteur électrique sans hélices
Installée au Havre, FinX a développé une technologie de propulsion nautique électrique et innovante, éco-conçue et bio-inspirée, qui remplace l’hélice par une membrane ondulante inspirée des poissons.
Alternative au moteur thermique à hélice, il est destiné aux voiliers et embarcations de moins de trois tonnes.
03
Le cargo à voile
Le Havrais TOWT est le premier transporteur français de marchandises à la voile. Après avoir travaillé avec des voiliers déjà existants, la PME lance la construction de sa propre flotte de voiliers cargo. Le premier sera livré en 2024.
A terme, jusqu’à 20 000 tonnes de marchandises rejoindront les quatre coins du globe à la voile, économisant 3 000 tonnes de CO2 par an.
Le drapeau normand flotte sur les évènements de la filière
La filière maritime et fluviale normande rayonne à travers de nombreux rendez-vous nationaux (Salon Nautique de Paris, Assises de l’économie de la mer, Salon des acteurs européens du transport fluvial et de la logistique multimodale Riverdating), les compétitions nautiques organisées ou reçues en région (Rolex Fastnet Race, Transat Jacques Vabres, Drheam Cup, Tour des Ports de la Manche).
De nombreux rendez-vous professionnels (rencontres d’affaires, colloques, tables-rondes, salons pour l’orientation ou l’emploi) sont aussi organisés localement, en particulier par Normandie Maritime.
L’économie bleue passe au vert
Face à l’urgence climatique, le secteur maritime (3 % des émissions de GES dans le monde) entame une véritable mue, à laquelle la Normandie entend bien contribuer. Dans son Ambition portuaire pour 2021-2025, la Région affiche sa volonté de faire de la transition énergétique de ses ports un levier de la compétitivité de l’Axe Seine.
Parallèlement, Ports de Normandie investit pour l’électrification de ses places portuaires. Dès 2027, avec 3 ans d’avance sur l’obligation légale, les quais dédiés aux ferries et aux bateaux de croisière proposeront des raccordements électriques, leur évitant d’avoir recours aux moteurs thermiques. Même dynamique chez HAROPA PORT, qui a lancé les travaux d’électrification des terminaux de croisières maritimes rouennais. Un programme est aussi en cours avec VNF pour l’installation de bornes de recharge électrique le long de la Seine.
Le Havre Ville portuaire et Intelligente
Autre projet notable pour la décarbonation de la filière, celui du Havre Ville Portuaire et Intelligente, qui vise à transformer le territoire à travers plusieurs axes, dont celui de la transition écologique.
Exemplaire au niveau national.
L’emploi dans la filière maritime et fluviale
La filière maritime normande recense plus de 5 800 établissements et 56 000 salariés (7 % des emplois salariés de la région), avec des opportunités dans de nombreux domaines : pêche, aquaculture, construction navale, travaux en mer, droit maritime, Marine nationale…
Les EMR représentent aussi un important viviers d’emplois, compte tenu des projets et industries implantées sur le territoire.
Des compétences qui valent de l’or
Globalement, toutes les entreprises du secteur recrutent : plus de 5 000 offres d’emplois ont été publiées en 2022.
Certaines compétences sont particulièrement recherchées : soudage manuel, chaudronnerie-tôlerie, maintenance électrique, montage en tuyauterie, installation d’ossatures bois, gestion des opérations de circulation internationale des marchandises, maintenance mécanique industrielle, aquaculture, réalisation de structures métalliques…
Les formations dans la filière
Toutes les filières de formation aux métiers de la mer et du fluvial, du Bac pro au Bac +5 ans, sont disponibles en Normandie.
Pour répondre aux besoins des EMR, de nouvelles structures ont émergé : le campus de l’AFPA Ifs (technicien de maintenance d’éoliennes) et la Haute Ecole de Formation au Soudage (Hefaïs) à Cherbourg-en-Cotentin.
La région compte aussi un Campus des métiers et des qualifications d’excellence international normand des énergies – CEINE autour de Fécamp.
Les établissements de formation
- AFPA Caen et Le Havre
- Isteli-AFTRAL
- Campus des métiers nature
- ITIP-CNAM, CNAM INTECHMER
- EM Normandie & IPER-EM Normandie
- ENSM – École Nationale Supérieure Maritime
- Builders Caen
- ESIX Normandie
- HEFAÏS
- Scholar Fab
- POLYVIA Formation
- ISPA
- MFR La Haye-du-Puits
- CPFP
- Universités de Caen, Rouen, Le Havre
- CRNG
- La Vague Normande
- Lycée Maritime Anita Conti et Lycée Maritime et aquacole Daniel RIGOLET
- Lycées pro DESCARTES (Fécamp) et Edmond Doucet, lycées Jean-Baptiste COLBERT (Rouen), Julliot de la Morandière.
À la Une de la filière maritime et fluviale
Fécamp, le port d’attache d’OLVEA
