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Manche, Orne, Eure, Seine-Maritime, Calvados… Ils viennent des quatre coins de Normandie, ils ont entre 15 et 25 ans, et sont invités à découvrir la ville du Havre pendant une journée. Une initiative du Conseil Régional des Jeunes qui a permis à 50 jeunes du territoire, adhérents au volet loisirs d’Atouts Normandie, de participer à cette 1ejournée normande !

 

Retour sur un samedi de juillet, rythmé par un temps normand !

La gigantesque Catène de Contenairs est une œuvre créée par Vincent Ganivet pour les 500 ans du port en 2017

Brise-glace, trafic et port

 

10h10. Une trentaine de jeunes âgés de 15 à 25 ans descendent des deux bus affrétés par la Région, au départ de Caen et Rouen, très vite rejoints par des Havrais. C’est parti pour l’impro sous la gigantesque Catène de Contenairs. Dès le départ, le ton est donné : « Vous ne vous connaissez pas ? Vous allez devenir les meilleurs amis du monde » lance Benjamin, membre de la compagnie d’improvisation caennaise Macédoine. Avec sa comparse Valérie, ils sont chargés d’introduire cette journée dans la bonne humeur. Au bout d’une demi-heure et d’un savant mélange, l’ambiance n’est déjà plus la même. Les objectifs ? Se rencontrer, échanger, se marrer. Accomplis.

10h30 : Sourires aux lèvres, les jeunes réintègrent les bus – heureux hasard, la pluie s’invite au même moment. A bord, l’un des deux guides du Havre Port Center, Mathieu, commente le paysage qui défile par la fenêtre : c’est parti pour 1h30 de balade à la découverte du port. Tour à tour, les bateaux se dévoilent, tout comme l’immensité du lieu : 1er port à conteneurs de France, 1er port mondial pour les vins et spiritueux, 72 millions de tonnes de trafic, 1ère plateforme française pour l’import-export de véhicules neufs, 35 km de quais, plus d’un million de m2 d’entrepôts logistiques… les chiffres sont vertigineux pour ce complexe qui représente plus de 30 000 emplois.

Ce sont environ 50 000 navires marchands qui naviguent dans le monde, contre 500 paquebots. Les Porte-conteneurs ? Ils sont Environ 10 000

Au loin, Mathieu attire notre attention sur le Hangar Zéro, nouveau lieu et laboratoire citoyen dédié à la transition écologique et solidaire – tout près, ce sont des conteneurs transformés en résidence étudiante qui font réagir. En passant, un gros bâtiment noir se révèle : c’est l’ENSM, l’École Nationale Supérieure Maritime – « l’Hydro » pour les familiers, « pour apprendre à naviguer, à l’aide de simulateurs » explique le guide. Par la fenêtre du bus, les paysages industriels défilent. Ici, le vestige d’un certain passé, avec les anciennes centrales à charbon – la dernière a fermé cette année – là, l’avenir, avec l’immense chantier de la future usine d’éoliennes en mer de Siemens Gamesa. Un bref arrêt permet de prendre quelques photos et d’observer un porte-conteneur de 400 mètres de long pour 20 mètres de large… « obligatoire pour passer le canal de Panama ou le canal de Suez ». Le guide attire notre attention sur la grande réserve naturelle protégée qui détonne dans l’environnement portuaire : « c’est un enjeu fort de maintenir l’activité qui fonctionne tout en préservant les espaces naturels qui l’entourent »

La visite – passionnante – s’achève – juste le temps de rejoindre les hauteurs de la ville et les Jardins Suspendus. Après un nouveau jeu d’impro sous une fine bruine bien normande, c’est l’occasion de recueillir un premier témoignage.

 

« C’était sympa cette visite du port, je suis content de l’avoir découvert » note Romain, 17 ans. A ses côtés, Nathan, 15 ans, opine du chef : « On était déjà venus au Havre mais sans avoir vu en détail le port : je ne pensais pas que c’était aussi gros ! »

A l’instar de la quarantaine de leurs camarades, les deux Rouennais profitent désormais d’un déjeuner bien mérité et 100% normand proposé par le Panier de Léonie, une ferme de Cauville-sur-Mer. Mais très vite, le programme se poursuit : il est temps d’explorer le cœur de ville, son Volcan, et l’histoire de son architecture.

Classés monuments historiques, ces blocs au cœur de ville ont permis également au Havre d’être inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, comme modèle de reconstruction d’après-guerre. L’architecture se dévoile également à l’occasion de visites d’un APPARTEMENT TÉMOIN.

Béton, église et bonbons

14h30, au pied du Volcan. Nous y retrouvons Sandrine, Gwennaëlle et Laetitia, trois guides de Normandie, chargées de faire découvrir les mystères du Havre, de son histoire et de son architecture. Trois groupes se forment : c’est parti pour une balade « sensorielle » avec Sandrine. Premier jeu : la guide distribue des enveloppes d’où se dégage un même arôme puissant ; identifiable, les jeunes doivent qualifier ce qu’il évoque pour eux, sans le nommer. « Cela me rappelle le matin », « les matins difficiles de semaine » renchérit un autre dans l’amusement général. Vous l’aurez peut-être deviné : les enveloppes fleurent bon…le café ! Une manière astucieuse d’évoquer les origines de la ville, 1er port en France pour l’importation de café. Dans le paysage, le Volcan, imaginé par Oscar Nieyemer, et surnommé affectueusement « Le pot de yaourt » par les Havrais : le petit groupe se positionne en face, au pied du monument aux morts, seul vestige d’avant-guerre.

 

« 90% de la ville a été rasée par les bombardements. Elle a été libérée tardivement – le 12 septembre – par rapport à d’autres villes normandes. Les 5 et 6 septembre 1944, en deux fois deux heures, 300 avions britanniques ont largué 350 kg de bombes par mètre carré » souligne la guide.

L’occasion d’un nouveau jeu avec différents bonbons. Au-delà de la touche sucrée bienvenue : faire appel à sa vue et son ressenti pour trouver les deux douceurs qui se rapprochent respectivement le plus de l’architecture du volcan et des immeubles havrais. A l’unanimité, c’est le chamallow – pour sa forme cylindrique – et la pastille Vichy – qui sont identifiés. « Pour reconstruire la ville, on fait appel à Auguste Perret, architecte belge, attentif à respecter le triangle monumental originel du 17ème, ou se situait, à chaque extrémité, un édifice vertical. Pour remplacer les 150 ha rasés dans le centre par les bombardements, il imagine 1000 blocs » explique Sandrine. Son architecture est guidée par trois principes : l’air, la lumière et l’espace. Grandes places, appartements avec double orientation, et pas de murs porteurs, remplacés par une seule et même colonne. Quant au béton, intégrant ardoise et brique, gravillonné ou martelé, il regagne ses lettres de noblesse en offrant différentes nuances.

A quelques pas, rendez-vous au pied de l’Eglise Saint-Joseph, dont la tour, haute de 107 mètres, est visible à 60 km à la ronde. Pour explorer le lieu, les jeunes en file indienne, placent un petit miroir sous leur nez, couché à environ 45°. Objectif : apprécier hauteur, couleur et majesté de l’endroit.

Premières impressions, une fois assis : « vertige, gigantesque, élévation, flottant, coloré, impressionnant… » Les adjectifs fusent. « Vous avez tout compris ! » amorce la guide, enthousiaste. 50 000 tonnes de béton, 700 tonnes d’acier ont été nécessaires pour édifier l’église. Une véritable prouesse technique enrichie des 12 768 couleurs des vitraux carrés ou losanges, désignés par une amie d’Auguste Perret. Les jeunes sont également surpris par le décor, qui emprunte ses codes au théâtre : la scène au centre, mais surtout les sièges, de type strapontins, détonnent dans l’église, tout comme le lino.

Kubb, galets et Tetris

17h30 : Fin de la visite, les jeunes regagnent à pied la plage de galets par la porte Océane. Ils ont le loisir d’observer des matchs de coupe de France homme de beach volley ; d’essayer le kubbs, jeu viking, ou de profiter d’un temps libre reposant. L’occasion est belle de recueillir quelques impressions : « J’ai appris pas mal de choses aujourd’hui ! Je n’étais venu qu’une fois au Havre… et c’est vrai que j’avais l’image d’une ville froide et austère. J’ai découvert beaucoup de choses, appris, notamment sur l’architecture, l’histoire, cela change le regard ! » commente Benjamin, 18 ans. « J’avais l’image d’une ville industrielle, fermée, mais l’histoire, l’architecture du centre-ville est très intéressante… C’est tout un concept ! Derrière l’industrie, le cœur de ville est important – le Havre, ce n’est pas qu’un port ! D’ailleurs, je ne l’imaginais pas aussi grand ! » renchérit Clara, 15 ans.

l’exposition « Quitter la Gravité » dans le cadre d’Exhibit! est visible au tetris jusqu’au 5 septembre

18h15 : Tout le monde est là – il est temps de gagner une nouvelle fois les hauteurs de la ville pour le dîner et l’exposition au Tetris, salle de spectacles et lieu de création, qui accueille tous les étés depuis 4 ans « Exhibit ! », une exposition d’arts numériques. Sous la houlette de Louis, passionné, une première visite démarre. Cette année, les différents lieux accueillent les œuvres d’artistes du monde entier réunis pour « Quitter la Gravité ».  « C’est une exposition qui invite à changer de perspective(s), une invitation à voyager, à déconnecter, surtout après l’année qu’on a passée » commente Louis, sous les acquiescements silencieux de l’assistance. Mécanismes aux boucles sans fin, sculpture sonore, aimants fascinants, ondes électromagnétiques, faisceaux de lumière hypnotisant… Exhibit est à la hauteur de sa réputation, et ponctue comme il se doit cette journée riche en découvertes.

Benjamin, 18 ans, Seine-Maritime

« J’ai appris pas mal de choses aujourd’hui ! Je n’étais venu qu’une seule fois au Havre… et c’est vrai que j’avais l’image d’une ville froide et austère. J’ai découvert et appris beaucoup de choses, notamment sur l’architecture, l’histoire, cela change le regard. Je trouve énorme qu’autant de gens travaillent au port du Havre. L’idée de cette journée est chouette : une visite collective et gratuite d’une ville. Et c’est bien organisé. Je suis venu tout seul mais j’ai pu échanger avec d’autres, c’est sympa. La Normandie, pour moi, c’est la plus belle région du monde ! Même si je ne la connais pas encore suffisamment. C’est varié, il y a de grandes villes, au bord de la mer, la campagne… »

Marion, Orne

« Je suis membre du groupe de travail attractivité au sein du CRJ, qui travaille également sur le sport et l’orientation. Pour organiser cette journée, nous nous sommes posé cette question : nous sommes fiers d’être Normands, mais est-ce le cas de tout le monde ? Et pourquoi ? En faisant une carte mentale du territoire, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas la même vision… On a donc travaillé là-dessus, avec l’idée d’organiser plusieurs journées normandes, une par département, afin que chacun puisse découvrir l’ensemble de la Normandie. Aujourd’hui, j’ai vraiment découvert le Havre, qui souffre trop d’une image industrielle. Même si l’architecture est spéciale, elle s’intègre et se comprend d’un point de vue historique, économique… c’est vraiment intéressant ! J’ai trouvé l’église Saint-Joseph magnifique, originale avec ses fauteuils de cinéma ! »

Clara, 15 ans, Calvados

« Je trouve cette journée géniale ! C’est l’occasion de découvrir d’autres jeunes, et on se rend compte, via le CRJ, que la jeunesse est prise en compte. C’est une belle initiative à laquelle je vais m’intéresser. C’est la première fois que je découvre le Havre : j’avais l’image d’une ville industrielle, fermée… mais derrière l’industrie, l’histoire et l’architecture du cœur de ville sont très importantes. J’ai trouvé les Jardins Suspendus très calme, c’est un lieu apaisant, et j’ai été surprise de voir les nombreux spots floraux qui s’intègrent si bien dans la ville. La Normandie ? Elle est importante pour moi. Oui, je suis fière de dire que je suis d’ici. Je suis fière d’être dans une région qui attire des personnes du monde entier. C’est important d’être fiers de ses racines, c’est une manière de rendre hommage à nos aînés qui nous ont défendus et de porter leur héritage. »

Valentin, 20 ans, Manche

« J’ai trouvé cette journée super ! Une initiative, gratuite, qui permet de voyager, surtout quand les transports sont parfois chers. Cela permet de visiter, de découvrir la Normandie. Je ne connaissais le Havre que de nom, alors j’ai sauté sur l’opportunité ! L’Histoire du Havre permet vraiment de comprendre son architecture, de comprendre pourquoi c’est si moderne, par rapport aux autres villes normandes. Le port était aussi très impressionnant. La Normandie, pour moi, est un beau territoire, un des plus riches. Et c’est l’esprit viking ! Je ferai le tour du monde, parce que je veux voyager, mais je reviendrai toujours en Normandie : c’est ma région ! »

Bon à savoir

Lien vers la page Instagram du CRJ : https://www.instagram.com/crj_normandie/?hl=fr

Vous avez entre 15 et 25 ans, résidez sur le territoire normand et avez envie de vous engager pour la Normandie et la jeunesse ? Plus d’infos sur https://www.normandie.fr/conseil-regional-des-jeunes-crj

 

 

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