Traverser le centre-ville sans le défigurer, passer d’une rive à l’autre en enjambant la Seine, se frayer un passage parmi la circulation automobile sans la gêner : la construction du “métro” de Rouen reste l’un des projets de transport les plus ambitieux de Normandie. Inauguré il y a 30 ans, ce tramway en partie souterrain reste un pilier de la mobilité urbaine dans la métropole.

5 infos à connaître sur le Métro de Rouen

  • 15,7 km de long
  • 31 stations, dont 5 souterraines
  • 70 000 passagers par jour
  • Mise en service le 17 décembre 1994
  • Coût total du projet : environ 350 millions d’euros

Rouen, début des années 1960. La ville est en effervescence : son périmètre s’étend,, pendant que la population croît à une vitesse vertigineuse. À l’époque, 400 000 personnes vivent dans un rayon de 20 km autour de la cathédrale, soit 40 % de la population de Seine-Maritime (1) ! Un phénomène tel que dès les années 1980,  routes et transports en commun sont saturés dans l’agglomération…

Un lien entre les deux rives

La Communauté d’Agglomération Rouennaise (CAR) décide de prendre le problème à bras le corps. Elle lance le projet d’un tramway/métro, comme celui qui circulait dans les rues de la ville avant-guerre. Avec l’ambition affichée de permettre aux deux rives de Rouen de s’embrasser, aux habitants de se déplacer, à l’économie de se développer…

L’idée est séduisante, le projet complexe. Le futur mode de transport devra limiter son impact sur la circulation routière déjà dense, traverser le centre-ville historique sans le défigurer, enjamber la Seine pour rejoindre la rive gauche… Le choix se porte finalement sur un tramway qui circulera en souterrain sur une partie du tracé. Et qui lui vaudra, en partie, son surnom de “métro”.

Réseau Astuce

J’habite l’agglomération depuis seulement un an et demi et j’ai découvert Rouen grâce à son métro ! Je l’utilise pour me rendre d’une rive à l’autre, pour aller à mon travail à l’Université de Rouen ou pour assister à des événements. J’ai par exemple pu me rendre à l’Armada, un événement mondial qui m’a permis de découvrir des merveilles tout en étant transportée avec succès. Une vraie réussite !

Un métro nommé Désir

Même s’il est souterrain sur une partie de son tracé (5 stations sous terre dans le centre-ville sur les 31 que compte l’ensemble du réseau), le “métro” de Rouen est bel et bien un tramway. Pour preuve : contrairement à un métro, le tramway de Rouen croise la circulation routière à certains carrefours. Son matériel roulant est aussi beaucoup plus léger. Depuis 2012, les rames Alstom qui circulent sur le réseau rouennais sont d’ailleurs les mêmes que celles du tramway du Havre. ll faut dire qu’à son lancement, au début des années 1990, le réseau de tramway de Rouen est nommé “Métrobus”, ce qui a largement contribué à son surnom de “métro”. La proximité avec Paris a peut-être joué aussi…

Un chantier complexe

En avril 1991, le projet est déclaré d’utilité publique. Les travaux préliminaires commencent. La Société du Métro de l’Agglomération rouennaise est chargée de la construction. Le tracé retenu forme un Y : partant de Boulingrin, il se sépare en deux au niveau de Saint-Sever, pour desservir Saint-Etienne-du-Rouvray d’un côté et Grand-Quevilly de l’autre. Du nord au sud, il desservira les zones les plus fréquentées et les principaux quartiers de Rouen et de l’agglomération.

Réseau Astuce

Sur la rive droite, la ligne est presque entièrement souterraine. C’est la solution qui a été retenue pour préserver le centre-ville historique et limiter l’impact visuel du tramway. La construction du tunnel de 1800 m de long reste l’une des étapes les plus délicates du chantier, en raison des contraintes liées au patrimoine de Rouen. L’autre grand défi technique qui s’impose est la traversée de la Seine. Le choix est fait de faire passer le tramway sur le Pont Jeanne d’Arc pour rejoindre la rive Gauche, où le tracé est essentiellement aérien.

Après trois ans de travaux, la première section du Métro de Rouen est finalisée en décembre 1994. Laurent Fabius, alors député de Seine-Maritime, l’inaugure le 16 décembre. La ligne vers Saint-Etienne-du-Rouvray est, elle, achevée en septembre 1994. Le réseau atteint alors sa configuration définitive, avec 15,4 km de ligne et 31 stations, dont 5 souterraines.

Le métro de Rouen, colonne vertébrale des transports dans l’agglomération

Pour les habitants, le Métro de Rouen est une petite révolution. Prioritaire aux feux, il circule en site propre, ce qui lui permet de traverser la ville rapidement et simplement. Les trajets sont plus courts, plus confortables, plus prévisibles. Une fluidité qui a incité de nombreux Rouennais à abandonner la voiture pour leurs déplacements quotidiens : dès le départ, le métro de Rouen affiche un taux de fréquentation bien supérieur aux prévisions. Un succès ! Et en limitant la dépendance à la voiture, ce nouveau mode de transport a, au passage, initié la transition vers une mobilité durable et contenu les émissions de gaz à effet de serre.

Réseau Astuce

L’économie a aussi bénéficié de ce nouveau réseau. La facilité d’accès au centre-ville a dynamisé le commerce local, attirant plus de clients venus des banlieues environnantes. Pour les entreprises locales et leurs salariés, le Métro a facilité les déplacements des salariés. Aujourd’hui, selon l’Observatoire de la Sécurité et des Circulations sur l’Agglomération Rouennaise, le Métro de Rouen transporte 30 000 passagers par jour, soit plus de 16 millions de voyages réalisés par an (chiffres 2022).

En 30 ans, le métro est devenu la colonne vertébrale de l’architecture des transports de la métropole rouennais. Après sa mise en service, tout en réseau s’est développé autour de sa ligne : le Bus à Haut Niveau de Service sur l’axe Est-Ouest (TEOR), les bus, les vélos en libre-service… Aujourd’hui, le réseau Astuce maille l’ensemble du territoire : 40 % de la population de l’agglomération de Rouen se situe désormais à moins de 500 mètres d’un arrêt de tramway ou d’une ligne structurante (2). De nouvelles réflexions sont actuellement en cours sur une possible extension de la ligne de métro. Elle permettrait de relier l’actuelle Gare de Rouen à la nouvelle gare amenée à se construire sur la Rive Gauche, dans le cadre du projet Ligne Nouvelle Paris Normandie. Le Métro n’a pas dit son dernier mot !

(1) La croissance de la région de Rouen et ses problèmes, François Gay, études normandes, 1964(2)PLU, février 2020, Rapport de présentation, Tome 1 Diagnostic Territorial.

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