15 exposants la première année, 27 l’année dernière, 40 cette année… la Normandie est donc une terre de brasseurs ?
Eh oui, 40 brasseurs des cinq départements seront présents dimanche, sur les 61 existants. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la bière normande, il n’y avait que des brasseries du passé : des grosses brasseries industrielles comme Paillette ou la Brasserie de la Manche, à Eu. J’ai eu envie de fouiller dans les archives pour trouver l’histoire de la bière en Normandie et les plus vieilles traces écrites que j’ai retrouvées mentionnent Dieppe où, en 1400, il y avait déjà de la bière. La légende dit que la bière est arrivée chez nous avec les vikings : c’est la mer et les bateaux qui ont apporté la bière en Normandie. Je n’ai pas pu remonter plus loin.
Pour moi, il y a deux ères brassicoles : jusqu’en 1986, il y avait toujours eu au moins une brasserie en Normandie. Mais 1987 rompt la tradition, c’est la seule année où il n’y a plus eu de bière produite dans la région. Jusqu’en 1988, et l’ouverture de la brasserie artisanale de Canteleu, première de la nouvelle ère brassicole normande et qui existe toujours.
Comment expliquez-vous ce succès ?
C’est un mouvement national : en 2007, il devait y avoir 200 brasseries en France ; aujourd’hui, il y en a 1200. En Normandie, il y en a eu 15 nouvelles par an, en moyenne, ces deux dernières années. Je pense que c’est lié à la prise de conscience collective sur la qualité des aliments, de la volonté de manger mieux, plus sainement et donc plus local, suite aux scandales de quelques grandes industries agro-alimentaires. Il y a beaucoup d’alertes aujourd’hui à la télévision, à la radio, sur ces problèmes-là et de plus en plus de gens se tournent vers la production locale, les circuits courts, etc. Ils admettent également payer un petit peu plus cher pour manger mieux et faire vivre l’artisanat local. Et puis c’est la meilleure façon de savoir d’où cela vient ! En Normandie, cela va encore plus loin puisque la chambre d’agriculture souhaite accompagner l’implantation d’une malterie puis d’une houblonnière : pour le moment, les brasseurs normands ne peuvent pas déclarer que leur bière est 100% normande puisque il y a des produits, par la force des choses, qui viennent d’autres régions. La malterie devrait être opérationnelle pour malter les orges de l’été prochain et sera située aux environs de Bayeux. Le projet de la houblonnière est également sur les rails. Dans deux ou trois ans, les brasseurs normands pourront ainsi dire de quelques-unes de leurs bières qu’elles sont 100 % normandes.