Accueil / Normandie Images : au service du cinéma sur le territoire
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A l’occasion de la 75ème édition du Festival de Cannes, où cinq films tournés en Normandie sont présentés, découvrez la structure normande entièrement dédiée au cinéma.
Fonds d’aide aux réalisateurs/producteurs, bureau d’accueil des tournages, applications ludiques, mémoire audiovisuelle…Fruit de la fusion du Pôle Image Haute-Normandie et de la Maison de l’Image Basse-Normandie, l’association Normandie Images, présidée par Richard Patry, accompagne la mise en œuvre des politiques publiques pour le développement du cinéma, de l’audiovisuel et de l’image animée en Normandie. Attribution d’aides, accompagnement, éducation à l’image, mémoire audiovisuelle, diffusion… décryptage des missions transversales assurées par une équipe de 25 personnes, au service du cinéma et du territoire.
Publié le 18/05/2022
Temps de lecture : 4''55'
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L’enjeu est d’être très réactif pour se distinguer des autres régions
Professionnels de la région et attractivité du territoire
La première mission de la structure, peut-être la plus évidente, est l’aide et le soutien aux professionnels de l’image. D’une part, via des aides financières qui proviennent de la région Normandie et du CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) pour favoriser la création de films, de courts-métrages, de documentaires sur le territoire… et d’autre part, en accompagnant réalisateurs et producteurs normands dans leur professionnalisation. En 2021, ce sont ainsi 110 films pour 666 jours de tournage qui ont choisi la Normandie pour décor, soit deux fois plus qu’en 2020.
Dans le cadre de Cannes 2022, c’est le cas, par exemple, du film Un petit frère de Léonor Serraille, qui a été soutenu à l’écriture (10 000 euros) et à la production (180 000 euros). En compétition officielle, ce film raconte le parcours de Rose, venue d’Afrique avec ses deux films, Jean et Ernest, à la fin des années 1980. Les 19 jours de tournages en Normandie, dans l’Eure (Poses) et en Seine-Maritime (Ancourt, Dieppe, Elbeuf, Hautôt-sur-Seine, Rouen, Mont-Saint-Aignan, Varengeville-sur-Mer) ont permis par ailleurs d’embaucher 25 techniciens, 5 comédiens et 135 figurants.
Don Juan, en sélection Cannes Première, sera projeté le 27 mai à 20h30 au cinéma Le Sélect, à Granville (50) en présence du réalisateur Serge Bozon
Autre exemple, avec le film Don Juan, de Serge Bozon, avec Virgine Efira, la maîtresse de cérémonie sur la croisette, et Tahar Rahim. En sélection Cannes Première, le film a été soutenu à la production à hauteur de 150 000 euros. La Normandie a accueilli l’équipe durant 14 jours dans la Manche (Granville, Bricqueville-sur-Mer et Hambye).
Toujours en sélection Cannes Première, le film Dodo, de Panos H. Koutras, qui a été soutenu à l’écriture à hauteur de 10 000 euros ou encore le film L’envol, de Pietro Marcello, qui a bénéficié d’une aide à la production de 140 000 euros. Le film, qui est en ouverture de La Quinzaine des réalisateurs, en parallèle du festival de Cannes, a requis 7 jours de tournage en Seine-Maritime (Eu, Le Tréport et Guerville). 13 techniciens et 5 comédiens ont été embauchés dont un des rôles principaux pour Juliette Jouan, jeune comédienne de Caen !
« L’autre aspect important dans ce secteur, c’est l’attractivité du territoire, autour du bureau d’accueil des tournages » explique Denis Darroy, directeur de Normandie Images. L’objectif ? Favoriser l’accueil de tournages en Normandie aux retombées économiques non négligeables.
Un beau matin, de Mia Hansen-Love
C’est notamment le cas du film Un beau matin, de Mia Hansen-Love, en compétition à La Quinzaine des réalisateurs. Le film, qui réunit Léa Seydoux, Pascal Greggory ou encore Melvil Poupaud, raconte la rencontre entre Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille et Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps. Les trois jours de tournage dans le Calvados, grâce à l’accompagnement de l’Accueil de tournages de Normandie Images (Le Breuil-en-Auge, Le Brévedent, Pont-L’Evêque et Vierville-sur-Mer dans le Calvados) ont permis des dépenses estimées à 49 000 euros sur le territoire.
Idem pour le film Un petit frère de Léonor Serraille dont les retombées économiques en Normandie sont estimées à 417 000 euros.
Du clip aux longs métrages, en passant par la publicité, les téléfilms ou les courts, l’équipe du bureau d’accueil a pour mission de procurer aux producteurs liste de techniciens ou de figurants en renfort et de décors potentiels et adaptés, dans des délais très courts. « Ce sont des décors qu’ils ne trouveraient pas ailleurs ou bien moins rapidement : le château abandonné, la maison des années 50, la station-service désaffectée, la cabane dans la forêt… le tout dans un périmètre réduit qui leur évite de se déplacer. » Une réactivité qui, combinée à la diversité des paysages et des infrastructures ou la proximité avec Paris, place la Normandie dans les régions les plus prisées par les professionnels. « On sait ce qu’attendent un réalisateur et un producteur, et on sait à qui s’adresser pour les autorisations nécessaires : il faut pouvoir libérer une rue, trouver un hangar rapidement… »
On travaille avec l’ensemble des salles de cinéma du territoire, c’est fondamental
Éducation à l’image et diversité des publics
La deuxième grande mission de l’association – et pas des moindres – intervient auprès de la jeunesse normande, dans le cadre de l’éducation à l’image et de dispositifs nationaux tels que « Ecole et cinéma », « Collège au cinéma » et « Lycéens et apprentis au cinéma ». Pendant et en dehors du temps scolaire, les jeunes du territoire sont sensibilisés à des œuvres inédites, aux techniques de l’image et invités à découvrir le processus de création sous la houlette de professionnels. « L’idée est de leur permettre de découvrir des œuvres qu’ils ne connaissent pas ; des œuvres qui vont éclairer le monde dans lequel ils vivent, mais aussi découvrir comment se font les films » précise Denis Darroy.
Véritable institution dans le paysage régional, le dispositif « Lycéens et apprentis au cinéma » que pilote l’association permet chaque année, à quelques 20 000 élèves des académies de Caen et Rouen, d’enrichir leur culture cinématographique et de développer une approche critique du cinéma. Mais pas seulement : « par exemple, dans le cadre de Collège au cinéma, nous avons fait venir la réalisatrice allemande Anne Linsel, qui a fait un film sur Pina Bausch : nous avions invité les professeurs d’allemand parce que le cinéma peut également intervenir dans le cadre de l’apprentissage de la langue. » Plus largement, un gros travail est fait sur la question du développement des publics avec un objectif clair : permettre à des publics les plus larges et divers possibles d’accéder aux œuvres sans les stigmatiser. « Nous sommes en discussion avec Isabelle Giordano, présidente de l’association Cinéma pour tous, afin de croiser nos expériences et imaginer des opérations pour tous les publics » explique Denis Darroy.
Tous ces films, avec la spontanéité des cinéastes amateurs font que cela raconte aussi notre histoire
Mémoire(s) audiovisuelle(s) et diffusion
La troisième mission est liée à la mémoire audiovisuelle de la région, c’est-à-dire à l’ensemble des films tournés en Normandie, avec un axe particulier sur les films amateurs, propres à éclairer l’histoire de la société normande. Films de bateaux à Fécamp, de Terre-Neuvas, du carnaval du Neubourg, de Mendès France à Louviers, d’un voyage au départ de Cherbourg, de scènes de libération, ou encore du tournage du « Cerveau » avec Bourvil et Belmondo sur les quais du Havre… « Ils font partie de la mémoire collective bien sûr, mais nous les associons dans des dispositifs d’éducation à l’image, dans des films professionnels, fictions ou documentaires pour faire des flashbacks, des illustrés » développe Denis Darroy. En jeu ? Rendre ces films anciens, plutôt intimistes, contemporains et accessibles au grand public. Dans cette optique, l’ancienne structure haut-normande a lancé deux applications, entièrement créées et éditorialisées en interne : Archives en ligne et Séquences normandes.
La première centralise près de 2500 films d’archives amateurs. « En termes de référencement, nous sommes à près de 12 000 : des films numérisés mais pas encore indexés » précise le directeur. « On y voit des images des années 20, 30, c’est aussi un outil d’attractivité à disposition des professionnels puisque ces films peuvent s’intégrer dans une histoire, des projets de films, des décors… ». Quant à Séquences Normandes, c’est l’appli idéale pour découvrir la Normandie, du paysage naturel au décor architectural. « Elle propose une balade cinématographique à travers des lieux de tournage pour découvrir la région autrement. L’idée, c’est aussi de valoriser les tournages, et de les attirer… ». A noter que d’autres applications devraient voir le jour ces prochains mois : « il y a plein de choses à faire, autour de la musique, de la littérature… nous venons également de terminer une appli Normandie pour la Paix, qui croise des images officielles de la télévision grâce à l’INA et nos images amateurs… »
A retenir :
Soutien financier aux professionnels de l’image dans la création et la production de films, accompagnement des réalisateurs ou producteurs dans leur professionnalisation… Normandie Images pilote également le bureau d’accueil des tournages, offre une vraie politique d’éducation à l’image, et promeut la mémoire cinématographique de la Normandie. Ces trois missions sont complétées par un enjeu de diffusion : partenariat avec des festivals sur le territoire ou à l’international comme celui de Cinémania, rencontres avec des professionnels, organisation d’évènements ouverts à tous…
Fruit d’un partenariat entre le CNC, le ministère et les collectivités territoriales, “École et cinéma” (1994), “Collège au cinéma” (1989) et “Lycéens au cinéma” (1998) permettent aux élèves de découvrir des films de qualité, patrimoniaux et contemporains, choisis avec le CNC et projetés dans des salles de cinéma partenaires.
Sparring, présenté au festival Cinémania, réalisé par Samuel Jouy et avec Mathieu Kassovitz a été tourné au Havre et à Deauville ;Bécassine, de Bruno Podalydès et avec Karin Viard, a été tourné dans l’Orne et dans l’Eure à Verneuil-sur-Avre ;Roulez jeunessede Julien Guetta et avec Eric Judor a été tourné dans l’Eure à Evreux, Parville et Saint-Sébastien-de-Morsent… Des films soutenus par Normandie Images !
A découvrir ou redécouvrir depuis le 15 mai sur Arte : Le tambour, de Volker Schlöndorff, récompensé d’une Palme d’or et de l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère… et dont certaines scènes ont été tournées à Longues-sur-Mer !
La Normandie, terre de cinéma, également à travers l’Imec, l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, à l’abbaye d’Ardenne, près de Caen (14) : outre les archives de célèbres écrivains, la structure rassemble également les fonds de plusieurs cinéastes et réalisateurs, à l’image des frères Dardenne (courant 2022), de Marguerite Duras, d’Eric Rohmer, d’Alain Resnais ou encore de Patrice Chéreau.
7 lycées ont une option cinéma au bac : Rouen, Dieppe, Evreux, Montivilliers, Cherbourg, Trouville et Alençon, et une option facultative à Lisieux