Cécile Bouvarel resplendit d’énergie. Son secret de jouvence ? Une pétillante vitalité qu’elle puise dans le Cotentin et un engagement passionné pour son art : la mosaïque contemporaine. Née en Auvergne-Rhône-Alpes et formée aux Beaux-Arts, l’artiste a quitté Paris en 2003 pour s’installer à Saint Sauveur-le-Vicomte, dans la Manche. Portrait d’une artiste tombée sous le charme de la Normandie.
L’art au bout des doigts
C’est dans un petit village de la Drôme, où elle est née, que Cécile Bouvarel explore les balbutiements plaisants de la création. « Mes parents ont remarqué que j’avais beaucoup d’attirance pour tout ce qui était manuel, le dessin, la peinture… ils m’ont fait prendre des cours chez une vieille dame de mon village. J’avais 8 ans. » Conquise par le talent de la jeune fille, cette dernière lui prédit un avenir certain aux Beaux-Arts. Dont acte : après son bac, Cécile entre à l’École nationale supérieure de Lyon, en peinture.
Une fois diplômée, elle décide de poursuivre son exploration, pour un an, à Paris. Son objectif ? Diversifier ses techniques, en se formant notamment en peinture à fresque. « Je voulais voir autre chose, faire plus monumental et donner de la consistance à un travail d’aquarelle qui était un peu déconsidéré à l’époque »confie-t-elle. C’est au cours de cette année qu’elle découvre la mosaïque, enseignée comme unité de valeur obligatoire. 15 jours de découverte… qui se transforment en un nouveau parcours, de cinq ans, à l’école supérieure parisienne. « J’ai eu LA révélation et je n’ai pas quitté l’atelier » résume Cécile dans un sourire.
Une année, deux coups de foudre
Je me souviens très bien, ça a été immédiat. Je suis descendue de la voiture, j’ai vu le ciel, j’ai senti l’air, les parfums et j’ai eu l’intuition très forte que j’allais habiter là, un jour.
Cette même année, la jeune femme découvre la Normandie, lors d’un séjour organisé par des amis dans leur maison de vacances. Une vraie révélation. Cécile a 26 ans et tombe littéralement sous le charme de la presqu’île du Cotentin. « La mosaïque et le Cotentin, c’est jumelé, ça va ensemble. J’ai commencé tout de suite à m’imprégner du paysage, à récolter des matériaux pour les mettre en musique dans mes compositions. » Galets, bois flottés, verres roulés… le temps d’un week-end, elle déniche les reliques naturelles de la plage manchoise et les amasse comme autant de trésors.
Forte de cette nouvelle conviction, Cécile entame sa formation aux Beaux-Arts parisiens. “Vous êtes presque dans l’insouciance : vous vous laissez porter, vous ne vous posez plus aucunes questions autres que celles qui vont vous faire progresser”. Une période « magnifique » pour l’apprentie mosaïste qui s’enrichit, sans cesse, de ses compagnons de route. « Tout le monde arrive avec un bagage, une personnalité… Je puisais dans ce réservoir de possibles. Cela a été une formation excellente. »
Une expérience qui lui permet à l’époque, de mettre à distance la réalité du métier, parfois exigeante, pour se démarquer.
De Paris à Saint Sauveur-le-Vicomte
A un moment, j’ai fait un choix. Ce n’est pas une vue de l’esprit : la Normandie offre une vraie qualité de vie.
A l’issue de ce second diplôme, déterminée à développer sa créativité sans être alourdie par les contingences administratives ou financières, – « il faut préserver bec et ongles cette bulle d’émerveillement et d’enthousiasme » – Cécile choisit de rester indépendante. Un choix qu’elle mène tambour battant, entre son travail d’artiste et ses recherches d’expositions. Elle installe son atelier à Pantin, qu’elle transforme en galerie pour exposer. Et, très vite, ses œuvres trouvent leur public. « J’ai eu la chance de me constituer une clientèle pour continuer et vivre de mon travail » souligne-t-elle modestement.
En 2005, le coup de foudre de ses 26 ans la rattrape. Cécile saute le pas et ouvre un second atelier/galerie à Saint Sauveur-le-Vicomte, dans la Manche, tout en gardant Paris. S’ensuivent alors une dizaine d’aller-retours entre la capitale et la presqu’île. Une vie exténuante que rythment expositions parisiennes, quête de matériaux et créations. « Le temps me manquait. A un moment, j’ai fait un choix, il fallait que je me pose » précise Cécile. Paris ? La Normandie ? C’est la Normandie qu’elle choisit, pour la beauté du lieu, le calme, l’air et la lumière : des éléments essentiels qui l’inspirent. « Je voulais une vie un peu moins infernale, j’avais envie d’aller plus loin dans le travail et surtout une vraie qualité de vie : ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est le bonheur d’habiter ici. »
Expositions réfléchies et livre hommage
C’est un travail que je veux très spontané dans sa version finale mais qui nécessite un gros travail de préméditation.
Si elle est désormais normande, Cécile Bouvarel n’a pas abandonné son public parisien. Chaque année, elle y organise une vaste exposition. Un rendez-vous complété par des travaux temporaires et des expositions dans des lieux d’exception. La médiathèque d’Agneaux dans le cadre des Journées Européennes des métiers d’arts ; à Vienne, en Isère, à Tourlaville… « La Normandie m’offre le calme et la solitude mais je peux également aller à la rencontre du public ! » Cécile y explore la quintessence de son métier : exposer une mosaïque de mosaïques dans un souci de cohérence et d’unité.
Elle cueille, photographie, dessine, et assemble mais pas seulement. Pour fêter la découverte de son art et du Cotentin, Cécile a récemment uni son regard passionné à celui du poète Daniel Olivier-Lamesle. A deux, ils ont sorti le livre Cotentin Mosaïque – Un carré pour rêver : un hommage d’une soixantaine d’œuvres tout en douceur et couleurs à cette Normandie qu’ils affectionnent. « C’était une très jolie rencontre humaine et artistique. Ce livre m’a permis de faire une synthèse sur le Cotentin, la peinture, la mosaïque : une belle harmonie qui me nourrit depuis trente ans ! »
Pour retrouver les œuvres de Cécile Bouvarel
Atelier des Petits Pavés : 1, rue des petits pavés de l’abbaye à Saint-Sauveur-le-Vicomte.
02 33 41 58 10.
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