Médaille d’excellence à l’épreuve nationale des Worldskills en 2023, il contribuera à représenter la France à l’échelle internationale de cette épreuve en septembre 2024 : Sacha Greneche, actuellement en BTS Conception des processus de réalisation de produits (CPRP) à Lisieux, défendra le savoir-faire normand en termes de fraisage. Regards croisés sur un métier de passion et de précision avec Julien Renault, son tuteur d’apprentissage au sein de l’entreprise Techma, du groupe Link’alia, située dans l’Orne.

C’est quoi ce métier ? En quoi cela consiste ?

Sacha :  Pour faire simple, notre métier consiste à réaliser des pièces de précision par enlèvement de matière. Pour créer une pièce, on établit un plan de fabrication via un ordinateur avant de la réaliser sur une machine à commande numérique.

Julien : Moi, je coordonne désormais l’atelier où Sacha exerce. Nous intervenons essentiellement pour les besoins de la maintenance, qu’elle soit mécanique ou industrielle, dans de nombreux secteurs d’activité… Nous travaillons aussi pour l’alimentaire ; on a un champ d’intervention très varié !

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Julien : Aujourd’hui, j’aime la gestion humaine, encadrer des personnes et répondre à leurs attentes, apporter des réponses, des conseils. Je fais aussi le relationnel entre les chargés d’affaires et l’atelier. A la base, ce qui m’a plu dans l’activité même d’usinage, c’est le fait de partir d’une matière brute et de la transformer en quelque chose de concret.

Sacha : Pour moi, c’est exactement ça : le fait de partir d’une problématique, d’un cahier des charges, d’un plan, et de réaliser des pièces ou un ensemble de pièces pour y répondre. Et de le faire de façon autonome.

Quelles sont les qualités indispensables pour l’exercer ?

Sacha : La rigueur ainsi que la précision de ses faits et gestes sont essentielles.

Julien : Oui, complètement. Il faut également être bon en maths, aimer bricoler et avoir une certaine logique.

Le monde de l'industrie n'est pas connu, ni par les jeunes ni par les moins jeunes. C'est dommage parce que ce sont des métiers de passion, qui auront besoin de personnel dans les années à venir.

Comment pensez-vous qu’il va évoluer dans le futur ?

Julien : Le métier évolue constamment : au départ, avec des machines traditionnelles où l’on tournait des manivelles, pour arriver au numérique et la programmation par ordinateur aujourd’hui. On parle également de plus en plus d’usinage cinq axes – aujourd’hui nous sommes à trois axes – pour simplifier et moderniser le travail. Dans un avenir plus lointain, on parlera peut-être d’impression 3D à plus grande échelle que ce que l’on connait aujourd’hui.

Sacha : Et toutes les marques qui travaillent avec nous sur le matériel et le consommable évoluent aussi de jour en jour. Cela permet plus de possibilités sur de nouvelles machines, qui sont plus perfectionnées. Julien parle d’impression 3D mais on peut également évoquer la robotisation, de bras, par exemple, pour faire de grandes séries. Ce sont des choses qui se font de plus en plus.

On aura de plus en plus de mal à trouver des personnes qualifiées dans quelques années, – c'est d’ailleurs déjà le cas – mais je pense que ça reste un métier d'avenir.

Comment s’est passée l’épreuve lors de la compétition nationale ? Comment se déroule l’entraînement pour l’épreuve internationale ?

Sacha : C’était une super expérience, très enrichissante, même si, sur le moment, on n’en profite pas tant que ça… des milliers de gens qui regardent, le chronomètre qui tourne… C’est intéressant, et un super challenge que je conseille à tout le monde de tenter !

Julien : On a tous soutenu Sacha avec beaucoup d’enthousiasme. On lui laisse beaucoup de temps également pour qu’il puisse s’entraîner et préparer la prochaine compétition. Pour nous, c’est une fierté, c’est une image ; il représente l’entreprise Techma, et ça montre le savoir-faire que l’on a et que nous sommes capables de transmettre. On lui a permis de faire son BTS en trois ans pour qu’il se consacre à fond à cette compétition. Et quand il est là, on le conseille, on l’oriente.

Sacha : Aujourd’hui, je m’entraîne. C’est dur mais très motivant. Tous les entraînements sont encadrés par le lycée ou l’équipe de France. Je me donne à fond, c’est vrai, mais je n’ai pas l’impression de travailler.

J'essaie toujours de placer aux journalistes des Worldskills que je suis dans la plus belle région de France !

Selon vous, quels sont les atouts de la Normandie ?

Sacha : La Normandie est assez attractive pour notre métier, grâce à la diversité des secteurs d’activité. A Vernon par exemple, il y a ArianeGroup qui demande des pièces usinées pour l’aérospatial ; du côté de la mer, à Cherbourg ou le Havre, on travaille pour le portuaire, l’industrie navale ; près de chez nous, à Flers, il y a également un beau secteur industriel. L’avantage est d’avoir plein d’entreprises différentes, qui ont toutes des besoins différents dans des secteurs d’activité différents. Cela nous permet aussi d’avoir un plus grand savoir-faire.

Julien : C’est vrai que nous avons un bon bocage industriel ; près de Flers, Forvia ou le plateau Normand’Innov sont des éléments moteurs par exemple. Et je suis 100% normand, je suis né à Flers et j’ai toujours vécu là. Je suis très attaché à l’Orne. Nous sommes dans une région très centrale, pas très loin de la capitale, pas très loin de la mer…

Regards croisés : le fraisage

Le fraisage, un déclic, une passion

« Mes parents étaient artisans, je ne connaissais pas du tout ce métier.

En technologie, en 3ème, il y avait encore à mon époque des fraiseuses traditionnelles, et j’ai eu un déclic. Réaliser ce que l’on pouvait faire avec ces machines m’a vraiment plu. » Julien

 

« En 3ème, j’étais un peu perdu, comme beaucoup d’élèves, sur ce que je voulais faire. Lors d’une des nombreuses portes ouvertes, j’ai découvert la section usinage du lycée Aristide Briand. Je ne connaissais pas du tout ce métier et le fait de voir la pièce – je me souviens, c’était un train – cela m’a donné envie de creuser, de comprendre comment elle avait été créée et de la reproduire. Je me suis inscrit dans cette section, sans savoir si ça allait me plaire. J’ai été chanceux : ça m’a tout de suite passionné. » Sacha

 

Que diriez-vous pour convaincre des jeunes de tenter ce métier ?

Sacha : Ce que je conseille en général aux jeunes que je croise, notamment dans le cadre des Worldskills, c’est de s’intéresser aux métiers de l’industrie. Beaucoup de personnes ont de fausses images sur ce secteur. Et pour ceux qui chercheraient un travail, ce sont des métiers qui sont en tension, qui cherchent des savoir-faire. Il y a de l’avenir et ce n’est pas sous-payé. L’industrie, c’est respectable : on peut commencer très bas dans l’échelle et monter les grades en 10 ans, devenir chef d’atelier, commercial ou même lancer son entreprise.

Julien : Et pour un jeune qui sort d’un bac pro, on peut estimer, en termes de salaire, un départ en net, aux alentours de 1600 et 1700 euros pour 39h. Puis une progression jusqu’à 2500 net dans un même atelier en quelques années.

Regards croisés : le fraisage

Worldskills : montrez votre savoir-faire !

La compétition WorldSkills s’adresse aux jeunes de toutes régions et de tous horizons : apprentis, lycéens pro, étudiants, salariés.
Une soixantaine de métiers sont représentés dans des domaines très divers, d’arts graphiques à web design en passant par chaudronnerie, horticulture, maintenance aéronautique, pâtisserie-confiserie, peinture automobile, taille de pierre… Chaque candidat doit réaliser, en un temps limité, une série d’épreuves techniques liées à son métier.
L’Agence de l’Orientation et des Métiers accompagne l’équipe normande durant toutes les phases de la compétition.

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