Quel est le lien avec l’Europe ?
C’est un autre aspect qui fait la force de cette candidature : nous travaillons avec d’autres villes qui sont traversées par un fleuve ou une rivière et qui partagent les mêmes problématiques que nous. Je pense à Hanovre, qui est traversée par la rivière la Leine, ou encore Budejovice en République Tchèque. Nous travaillons aussi avec Aveiro, au Portugal qui en plus a la particularité d’être une zone lagunaire, mais aussi Skopje en Macédoine du nord, Trondheim, en Norvège, et Norwich, au Royaume-Uni. Tous ces territoires sont traversés soit par un fleuve, soit par une rivière qui a structuré l’organisation de la ville et nous proposons d’apporter ce sujet au niveau européen à travers la candidature.
Quel impact aurait ce titre de capitale européenne de la culture pour le territoire ?
Il y en a plusieurs ! Pour le grand public, et pour les habitants du territoire, ce serait déjà un élément de fierté. Un signe que l’Europe nous reconnaît comme un territoire important où il peut se passer plein de choses.
Il y a également un impact sur la filière artistique dans son ensemble. Le monde entier de la culture va avoir envie de monter des projets en partenariat avec notre territoire. Nous ne voulons pas « juste » de supers spectacles produits par les plus grands noms internationaux le temps de deux représentations : on veut vraiment trouver des artistes qui ont envie de travailler sur le territoire à travers des résidences longues, et en nouant des partenariats avec des acteurs culturels locaux. En termes de rayonnement pour les artistes, cela va être fort.
Et puis je pense aux collectivités : l’autre impact concerne la mobilité, qui est une question importante pour nous. On veut qu’en 2028, les gens puissent aller assister et vivre des expériences de la capitale européenne de la culture sans dépendre de leur voiture individuelle. Les 11 EPCI, départements et région qui regardent dans le même sens, je pense que cela peut avoir un effet accélérateur sur les politiques d’aménagement. Je pense par exemple à la Seine à vélo – elle est faisable aujourd’hui mais il y a des tronçons qui méritent d’être créés ou plus sécurisés.
Comment soutenir cette candidature ?
La meilleure façon de soutenir cette candidature, c’est d’en parler autour de soi. On a un site internet : https://rouen2028.eu avec un kit de supporter, avec des visuels à télécharger, une newsletter qui permet de se tenir au courant et de partager les informations… Aujourd’hui, nous ne sommes qu’une petite association avec une équipe de 9 personnes, pour couvrir un territoire qui va de Vernon-Giverny à Honfleur, ce n’est pas beaucoup. Plus les gens se font écho de cette candidature et montrent qu’ils en ont envie et en parlent autour d’eux, plus cela pourra donner naissance à de beaux projets. Cela nous permet de repérer les initiatives, les belles idées et de construire tout cela collectivement.
Pourquoi ce choix de faire appel à des célébrités ?
Nous avons eu l’envie de nous entourer de plusieurs parrains et marraines, pour avoir une grande diversité. L’objectif c’est que chaque parrain que l’on sollicite apporte une couleur particulière. Par exemple, Thomas Pesquet, qui est un scientifique, explique dans son message de soutien que les chercheurs doivent travailler avec les artistes et les territoires pour répondre de manière collective aux urgences climatiques de transition écologique. Michel Bussi, l’écrivain, nous dit qu’il y a plein de choses à construire avec les enfants autour de l’écriture pour raconter le monde dont on a envie demain. Je peux citer aussi Julie Anquetin Rault, professeur en CFA, qui dit que c’est hyper important que la transmission des savoirs ne soit réservée aux grands chercheurs ou aux universitaires. Nous avons aussi un meilleur ouvrier de France, des poétesses, des musiciens, des chorégraphes, des philosophes, des plasticiens…
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous avons déposé notre dossier de candidature au mois de décembre dernier. Le 3 mars, après notre oral, la veille, devant un jury européen de 12 personnes, experts du monde de la culture, nous avons appris que nous faisions partie des 4 finalistes, avec Bourges, Clermont-Ferrand et Montpellier.
L’histoire ne s’arrête pas là ! Nous avons maintenant un second dossier de candidature à remettre pour l’automne. Une fois ce dossier remis, le jury se déplacera dans les différentes villes candidates. Nous aurons pour objectif de leur faire vivre une expérience, afin qu’ils découvrent le territoire et qu’ils voient ce qu’on porte comme envie, comme message.
Ensuite, au mois de décembre 2023, le jury annoncera la ville lauréate.
Une année intense !