En septembre 2018, Simon Lainé et Caroline Tinel ont fondé TerraLéo. Une société coopérative pour développer le tri et la valorisation séparée des déchets en Normandie. Entre collecte et compostage, portrait d’une initiative aux impacts environnementaux, sociaux et économiques positifs !
Deux normands en quête de sens
Le premier mouvement de l’histoire ? Il se passe à Rouen, au sein de Neoma Business School, l’école de commerce et de management, dans laquelle Caroline – native du Pays de Caux – et Simon, de Rouen – sont inscrits dans un bachelor de commerce international. Comme pour de nombreux autres étudiants, l’avenir est ouvert mais tous deux s’interrogent sur le sens à lui donner… Sensibles à la question des déchets, c’est au détour d’ateliers de sensibilisation proposés par l’Agence pour le développement régional des entreprises sociales et solidaires, qu’ils découvrent le modèle de la coopérative. « Les ateliers de l’Adress et leur accompagnement ont été une vraie première étape dans notre cheminement » explique Simon.
On souhaitait faire quelque chose de positif : un projet vertueux sur le territoire dans lequel on avait grandi.
Séduits par le principe et déjà tous deux enclins à travailler pour un monde meilleur, Caroline et Simon s’engagent ensuite dans un master en gestion de l’environnement. La première année leur offre l’opportunité de s’envoler outre-Atlantique, au Québec : « Nous étions à l’université de Sherbrooke ; c’est là-bas que l’idée de valoriser les déchets a germé : les collectivités y font beaucoup de compostage. » Leur retour, en deuxième année, à l’université de Rouen, les conduit à s’inscrire en management de l’environnement et du développement durable : l’occasion pour eux de faire une étude de marché sérieuse et approfondie. Leur idée ? Créer de la valeur avec un déchet afin qu’elle profite au territoire sur lequel ils ont grandi.
Expérimenter… et se lancer
Grâce au réseau PEPITE Normandie, ils obtiennent le statut d’étudiants entrepreneurs. Un sésame pour tous ceux avides d’expérimenter une idée en toute sécurité. « En accord avec nos responsables de master, nous avons ainsi pu substituer la fin de stage réglementaire du master par une vraie étude de marché sur TerraLéo » se réjouit Simon. Pendant 6 mois, ils explorent, tentent et affinent leur projet éco-responsable. D’abord constitué en association, c’est en septembre 2018 que TerraLéo renaît en société coopérative, installée désormais au sein de la pépinière d’entreprises Seine Créapolis, à Déville-lès-Rouen.
Les déchets récoltés – 35 tonnes – représentent, par jour, entre 35 repas d’une école à 1000 repas d’une université.
Le principe de TerraLéo ? Proposer différents services pour développer le tri et la valorisation séparée des déchets, notamment alimentaires, sur le territoire. Le premier consiste à collecter en camion tous les établissements sujets à la restauration collective : écoles, collèges, lycées, établissements de santé, EHPAD, universités… « Nous accompagnons également les équipes dans la mise en place du tri, avec des conseils, de la sensibilisation » précise Simon. Une fois collectés, les déchets sont valorisés en biogaz sous le principe de la méthanisation, à Cléville. 35 tonnes par mois sont ainsi valorisées par la jeune entreprise, de Rouen à Louviers.
Déplacements verts et alternative à la collecte
Les deux autres services ? Une collecte à vélo à destination des restaurants, commerces alimentaires et crèches du centre-ville de Rouen. En partenariat avec le spécialiste de la logistique urbaine Toutenvélo Rouen, l’équipe de TerraLéo récupère les déchets, cette fois destinés au compostage de proximité. « Pour le moment, 12 établissements participent à l’opération, mais nous avons de plus en plus de demandes » stipule Simon. Le troisième service, et pas des moindres : la formation au compostage, afin d’offrir une alternative à la collecte. Diagnostic, sensibilisation, communication, suivi de performance… « La clientèle est la même que celle qui bénéficie de la collecte en camion ; nous accompagnons également des collectivités et des particuliers dans la mise en place de compostage individuel. »
Nous avons réalisé le fort besoin en formation au contact des clients.
Ainsi, ce sont près de 380 particuliers qui ont été accompagnés par l’entreprise en 2021. L’heure est aujourd’hui aux belles perspectives : TerraLéo mesure l’intérêt collectif grandissant pour la gestion éco-responsable des déchets, avec 120 points de collecte en septembre contre 60 avant l’été. « Il faut savoir que depuis 2016, tous les professionnels produisant 10 tonnes ou plus de biodéchets par an sont tenus de les trier à la source et d’assurer leur envoi en valorisation. En 2025, il n’y aura plus de seuils et le tri à la source sera généralisé jusqu’aux particuliers » explique Simon.
Et si leur territoire d’expertise s’étend pour le moment de Rouen à Louviers, Caroline, Simon et leurs 5 employés ne s’interdisent pas d’élargir leur périmètre d’intervention…
Bon à savoir
TerraLéo ? En bons Normands, Caroline et Simon ont nommé leur entreprise en clin d’œil à leur territoire… et ses léopards !
Créée en 2005, l’ADRESS est une association dont le but est d’accompagner la création et le développement d’entreprises sociales en Normandie.
Les biodéchets : ils constituent la part fermentescible des restes des ordures ménagères résiduelles – il peut s’agir des restes de préparation de cuisine et de repas, ou de denrées non consommées, d’origine végétale ou animale. Éviter le gaspillage, c’est aussi faire des économies…
PEPITE Normandie fait partie d’un réseau de 33 « Pôles Étudiant Pour l’Innovation, le Transfert, et l’Entrepreneuriat » (PEPITE) répartis sur tout le territoire français (Réseau national PEPITE France). En Normandie, il est porté par Normandie Université et permet de sensibiliser et accompagner les étudiants et jeunes diplômés dans la création d’entreprise.
Le Statut National d’Etudiant-Entrepreneur, qui s’obtient sur dossier, permet de conjuguer études et création d’activité.
Thématiques