Née au Vietnam et ambassadrice de la Normandie depuis la première heure, Julie, 25 ans, a déjà une riche expérience de l’engagement associatif et solidaire.

Julie Bernard-Duteil

La Normandie arrive bien à fédérer les jeunes autour des questions de paix : je pense aux plaidoiries des lycéens, le Prix Liberté… toutes ces questions touchent les jeunes et sont importantes pour construire l’avenir.

Qui suis-je ?

Je m’appelle Julie Bernard-Duteil, j’ai 25 ans. J’étais étudiante à l’université de Caen jusqu’à la fin de l’année dernière en licence de langues, et j’entre cette année en double master de sciences politiques à l’IEP de Fontainebleau.

Je suis engagée dans différentes organisations depuis 7 ans. J’ai commencé avec Amnesty International, d’abord à cause d’un garçon, très mignon ! C’était un recruteur de donateurs, qui m’a expliqué l’association et m’a demandé mon RIB… Quelques mois plus tard, au festival Beauregard, où le groupe local de Caen tenait un stand, j’ai pu échanger plus en avant : au-delà des quelques euros que je donnais par mois, cela m’a donné envie de m’investir personnellement. Je me suis également engagée auprès des jeunes filles mineures migrantes, victimes des réseaux de prostitution : je me suis spécialisée sur l’aspect cybercriminalité, pédo-criminalité et traite des enfants migrants. J’ai fait des cours de FLE, de l’accompagnement (judiciaire, médico-social)… j’ai arrêté l’année dernière : c’est un engagement assez lourd avec mes études et les parcours de vie sont très difficiles.

Parallèlement, je me suis aussi engagée ponctuellement dans diverses associations pour représenter la France à l’étranger. Notamment en 2017, en Arménie, où j’ai pu parler plus particulièrement de la Normandie dans le cadre d’un échange international entre 5 pays. Les thématiques étaient le devoir de mémoire, la réconciliation, le dialogue inter politique. Nous devions nous constituer en équipe – de deux ou trois autres personnes de pays différents pour créer un projet international sur la paix. Je suis donc allée en Israël et en territoires occupés en Palestine pour construire ce projet mais un attentat en juillet 2017 nous a empêchés de le mener concrètement. Une session finale a tout de même eu lieu à Berlin. Cela nous a permis d’aborder les problématiques initiales de la résolution de conflits et de l’importance d’un dialogue politique. On a beaucoup parlé de la Normandie, notamment du travail de mémoire mené depuis de nombreuses années.

Un an après, en 2018, je suis partie au Liban, en zone rouge, à la frontière syrienne, comme chargée de mission humanitaire, pendant un mois et demi avec l’OFCI. C’était vraiment enrichissant.

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Avec Amnesty International, manifestation contre les violences faites aux femmes à Paris

Pour la suite, je pars au Canada en janvier, dans le cadre de mon double-master : la première année, pour un master Etude de conflits et la deuxième année, à Fontainebleau, en Études internationales et européennes, parcours Action Humanitaire.

A l’avenir, j’aimerais bien être chargée de mission dans un organisme international. Depuis plusieurs années, je crée des projets, des activités, des rencontres, des séminaires… et ça me plaît beaucoup !

La Normandie et moi

J’ai été adoptée – je suis née au Vietnam – mais je suis Normande, j’ai toujours vécu en Normandie, à Saint-Contest, près de Caen.

J’adore la nourriture et les paysages du Pays d’Auge. Dans ma tête, j’ai des clichés de la Normandie : je vois les fermes, la campagne, les champs… je suis plus campagne que mer, même si les plages du Débarquement sont magnifiques ! Je connais bien Ouistreham pour aider les migrants et surtout Luc-sur-Mer, où nous nous baignons en famille. J’ai de la famille à Cherbourg, on fait souvent le tour de la Hague également.

Culturellement, c’est une région très riche. On a fait très souvent les journées du patrimoine en famille, en Normandie, parce qu’on a toujours quelque chose à voir ! J’aime aussi beaucoup les circuits des musées : on peut acheter des billets combinés avec des endroits variés et partout sur le territoire. Cela permet de visiter des endroits que l’on ne visiterait pas forcément.

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Action dans le cadre de la journée internationale des droits de l’enfant

Normandie pour la Paix

Je trouve que le Forum mondial Normandie pour la Paix est un très bel événement, très riche. Nous sommes invités avec Amnesty pour tenir la table de presse. Et personnellement, je vais assister aux débats et aux conférences. Chaque année, il y a une qualité des intervenants qui est assez incroyable. D’ailleurs, beaucoup de choses sont organisées en Normandie autour de la paix : les plaidoiries du Mémorial, le travail fait par L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, situé à Caen, le Prix Bayeux… Il y a également le festival des solidarités proposé par Caen la mer, la fête des communautés… on trouve toujours beaucoup d’initiatives locales très riches et très intéressantes.

Cette année, comme je m’envole à Ottawa, c’est ma dernière participation au Forum Normandie pour la Paix avec Amnesty International. Pour la table de presse, mais aussi dans le cadre d’animations à destination des jeunes. Par exemple, on a créé un quizz droits humains et jeux vidéo.

Je trouve que c’est très important de montrer que les jeunes sont présents, s’engagent sur des questions sur lesquelles parfois ils ne se sentent pas légitimes. Dans les organisations, on a parfois du mal à recruter des bénévoles. A Amnesty, nous sommes une association essentiellement basée sur le plaidoyer, pas une organisation humanitaire, et les sujets sont parfois controversés, pointus. Les jeunes ne se sentent pas statuer sur ces questions. Ils pensent qu’ils n’ont pas les connaissances. Avec l’antenne jeunes depuis de nombreuses années, on essaie de casser ce souci de légitimité. Surtout que la Normandie arrive bien à fédérer les jeunes autour de ces questions-là : je pense aux plaidoiries des lycéens, le Prix Liberté… toutes ces questions touchent les jeunes et sont importantes pour construire l’avenir. Par exemple, nous sommes jury de certaines plaidoiries des lycéens : beaucoup de jeunes en décrochage scolaire ont la possibilité de s’exprimer et de briller par ce biais-là. C’est une grande fierté pour eux.

Je trouve également que le partage des expériences est primordial pour avancer. Partage de bonnes pratiques, de contacts… la plupart des gens qui sont dans des organisations sont des bénévoles, n’ont pas forcément la formation professionnelle derrière… l’échange, le partage des expériences permettent de lever les barrières, pour moi, c’est primordial.

Vu notre histoire, parler de la paix en Normandie, c’est important et légitime. A partir du moment où on veut mettre en lumière le passé, il faut faire en sorte d’intéresser les nouveaux arrivants, les jeunes : une manière d’allier l’innovation avec l’histoire, les traditions, pour renouveler et intéresser.

Mon rôle d’ambassadeur

Je suis ambassadrice depuis 4 ans. Pour moi, c’est représenter la Normandie un peu partout où je vais. Prôner la vie ici, la beauté de la région, les beautés gourmandes. Promouvoir ces différents aspects de la Normandie, donner envie aux gens de venir, visiter ou y habiter. Cet été, je suis partie 3 semaines au Costa Rica, et c’est bête, mais j’avais tellement envie de fromage, de charcuterie… et j’étais contente de revenir en Normandie : c’est difficile de quitter un endroit où l’on a des habitudes, la maison me manquait.

Et puis, être ambassadrice, c’est aussi représenter la Normandie lors de sommets internationaux. Par exemple, j’ai été déléguée française au Sommet Mondial de la Paix, organisé par l’organisme Global Peace Chain en Azerbaïdjan, 4 jours, fin mai 2022. Ce sommet a rassemblé 150 délégués de tout pays pour discuter des conflits et l’importance du respect des droits humains, de la diplomatie et des relations internationales afin de trouver des pistes pour atteindre les 17 objectifs de développement durable établis par l’ONU. Nous devions ramener des choses de notre pays pour les faire partager. J’ai choisi de ne prendre que des gourmandises normandes et mon drapeau. Pendant le sommet, j’ai fait une présentation en assemblée plénière sur la traite des enfants et participé aux panels diplomatiques. C’était une expérience très riche !

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