Maxime Delauney a grandi à Carentan-les-Marais, il vit aujourd’hui à Paris mais revient très souvent dans la région.

Maxime_Delauney

La Normandie ? Jeune, j’avais envie d’en partir… Aujourd’hui, je l’aime plus que tout !

Qui suis-je ?

J’ai 39 ans, je suis producteur de cinéma, et j’ai grandi à Carentan-les-Marais, dans la Manche. J’ai produit 15 longs métrages, une vingtaine de courts-métrages, trois documentaires et une série. J’ai commencé ce métier en travaillant auprès de Dominique Besnehard – un autre Normand ! J’étais son assistant chez Artmédia – la plus grosse agence artistique d’Europe de l’époque. J’ai travaillé 4 ans pour lui, d’abord chez Artmédia, puis chez Mon Voisin Productions, sa structure de production. J’ai également participé avec lui à la création du Festival du Film Francophone d’Angoulême. Je suis ensuite revenu chez Artmédia cette fois comme agent et y suis resté 4 ans. En 2012, avec mon pote Romain Rousseau, j’ai créé la structure Nolita Cinéma, avec laquelle je produis des films, des documentaires et des séries.

La Normandie et moi

C’est une histoire de filiation, d’amour, presque ! J’ai fait des études en Normandie et tout proche : au lycée à Carentan, puis une prépa à Saint-Lô avant de faire une école de commerce à Rennes. J’ai beaucoup voyagé par ailleurs mais mes études et mes stages ont toujours eu lieu en Normandie. Mon premier stage, c’était d’ailleurs au stade Malherbe de Caen. J’ai grandi comme pas mal de gamins en me disant qu’il n’y avait pas grand-chose à faire en Normandie… surtout avec des rêves de cinéma. Enfant, passer des vacances en Normandie, c’était inenvisageable. J’avais envie d’en partir mais en même temps j’aime ma région plus que tout. Je pense que nous sommes beaucoup dans ce cas, qu’il y a un inversement des tendances aujourd’hui. Beaucoup de villes de province étaient, je trouve, complètement défigurées il y a quelques années : le tout bagnole, des centres commerciaux partout et des cœurs de ville déserts… j’ai l’impression qu’on fait le chemin inverse aujourd’hui. Tout ce qui nous a fait fuir tous, plus jeunes, a changé. On reprend un peu une espèce de fierté en son patrimoine. J’ai acheté un petit appartement à Carentan pour y revenir parce que j’y passe une partie de l’année, j’ai monté mon festival de cinéma là-bas, les gens viennent, sont contents et je me rends compte qu’il n’y a quasiment plus de locaux vacants en centre-ville. Ce qui faisait le patrimoine de nos grands-parents, notre génération s’en ressaisit pour en être fier. Par exemple, le tricot Saint-James que ma grand-mère m’offrait quand j’étais jeune et que je trouvais ringard, aujourd’hui, quand j’en parle autour de moi, est devenu hype. Si je pouvais faire mon métier ailleurs qu’à Paris, c’est sûr que je reviendrai habiter en Normandie. Mais j’y reviens très souvent ! Et mes enfants aussi. Je suis extrêmement attaché à ma région.

Mon rôle d’ambassadeur

Pour moi c’est surtout penser à la Normandie de demain. Je n’ai pas grandi en étant fier de l’être mais aujourd’hui, pour plein de raisons, je trouve ça cool de se dire normand, avec la pudeur qui nous caractérise. Je voudrais tourner le plus possible de films dans ma région mais cela nécessite des financements, qui sont compliqués à obtenir aujourd’hui. J’aimerais qu’un fonds économique soit créé pour soutenir et attirer de gros projets en Normandie. Les tournages ont de fortes retombées : c’est de l’emploi, cela fait vivre le tissu local et cela fait sens au niveau touristique… D’où ma volonté de défendre les tournages sur le territoire : la Normandie a une variété de paysages, elle est à proximité de Paris, où le cinéma se finance, ce qui très intéressant. C’est plus simple de tourner en Normandie qu’en Occitanie ou en Paca par exemple. J’en fais un cheval de bataille aussi parce que la plupart de mes amis habitent dans le coin, mon frère et mon père aussi…

Nolita Cinéma

Je viens de tourner Tempête en Normandie*. Mon prochain film, les Cadors, avec Jean-Paul Rouve, Michel Blanc et Grégoire Ludig sera tourné cet été dans le Cotentin, au port de Cherbourg et un peu au Havre. J’ai déjà commencé les repérages. Je produis également le documentaire de Charlotte Gainsbourg, qui vient d’être sélectionné à Cannes. C’est chouette ! En septembre, il y a également une comédie romantique au programme, un film pour Netflix à l’automne, puis un film pour Amazon.

En 10 ans, il y a eu beaucoup de projets que j’ai mené sur le territoire : j’ai produit le film d’Orelsancomment c’est loin” en 2015 et on sort un documentaire qui lui est consacré à l’automne, un court-métrage avec Fanny Ardant que je tourne à Caen, la série de Lucien Jean Baptiste, « il a déjà tes yeux », dont les deux derniers épisodes se passent sur les plages du Débarquement. J’ai également monté le festival les Egaluantes, qui est consacré au cinéma normand à Carentan… On a également accompagné le documentaire sur les Papillons de Nuit, « Festival, quand mon village résiste » qui est aujourd’hui sur Salto – l’histoire incroyable de 1200 bénévoles normands de 4 à 93 ans – une histoire humaine merveilleuse.

*Témoignage recueilli en juin 2021

nolita

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