Une idée à l’essai

L’idée ? Elle est née après deux premiers rallyes de véhicules électriques, organisés en 2020 et 2022, entre Londres et Brighton. Deux éditions couronnées de succès qui ont poussé différents protagonistes à imaginer une version plus longue, avec une traversée de la Manche pour souligner les liens indéfectibles entre l’Angleterre et la France. Le projet fait aussi suite aux milliers de cyclistes qui choisissent le ferry Newhaven-Dieppe pour parcourir à vélo la fameuse route Londres-Paris le long de l’Avenue Verte entièrement balisée. « Notre objectif est également de montrer la diversité de la technologie des véhicules électriques disponible au public » explique Graham Precey, directeur général du groupe Développement Normandie, travaillant sur le développement durable, et l’un des membres organisateurs.

Newhaven-Dieppe : une étape symbolique

Il faut noter que le choix de l’escale à Dieppe est loin d’être anodin. « La liaison entre le Sussex et la Normandie est vieille de plusieurs siècles et constitue la route la plus directe entre Londres et Paris » confirme ainsi Graham Precey. Autre argument, et pas des moindres : l’investissement à long terme de la Seine-Maritime dans le service de ferry reliant Dieppe au port de Newhaven. « Nous souhaitons également montrer au grand public et aux décideurs que les conducteurs de véhicules électriques ont de moins en moins peur de l’autonomie ». Comprendre, la fameuse panne faute d’énergie qui représente l’un des principaux freins aujourd’hui à l’achat. Symboliquement encore, cette étape essentielle s’inscrit, selon les organisateurs, dans la démarche opérée depuis déjà quelques années par la Normandie. Terre du nucléaire, développement d’éoliennes offshore, améliorations des véhicules avec Alpine ; innovations en hydrogène … « Dieppe et la Normandie sont reconnus pour leurs investissements et leurs innovations vers une économie décarbonée et font de cette étape une nécessité » salue Graham Precey.

Un événement zéro carbone

Et c’est bien là tout l’enjeu de ce rallye nouvelle génération : faire les choix nécessaires pour accélérer la transition vers une économie à faible émission de carbone. Avec cet objectif de faire voyager pas moins de 150 participants d’Angleterre, de France et d’ailleurs sur les 322 km qui séparent Londres de Paris via Dieppe, les organisateurs souhaitent également adresser un message aux constructeurs actuels : « nous les mettons au défi d’innover toujours plus pour améliorer la fiabilité et la distance de ces nouveaux véhicules. » Ce « corridor vert », dans cette version 2023, réunirait ainsi voitures, vans, minibus, camions, bus, moto… et ferry, pour assurer la traversée. « Nous demanderons spécialement à l’opérateur en charge du ferry reliant Newhaven-Dieppe de fournir les chiffres d’émission de carbone pour la traversée et de les compenser » souligne le co-organisateur.

« L’objectif du London to Paris Electric Vehicle Rally est de célébrer et de démontrer les développements en matière d’énergie renouvelable et de technologie des véhicules électriques » Tom Druitt – Cofondateur du rallye L2PEV

Une équipe motivée

L’équipe organisatrice n’en est pas à son premier coup d’essai : Agnès Barthe, Valery Jimonet, fondateur de Normandy Eco Space, et Graham Precey, du côté français, ont déjà travaillé ensemble pour valoriser les liens entre le Royaume-Uni et la France, ainsi que les nombreuses initiatives en termes de transition énergétique. On peut citer notamment la Croisière des start-ups pour aider les entrepreneurs des deux côtés de la Manche à travailler ensemble pendant le Brexit ; le tout premier film sur Amazon Prime réunissant les communautés de Newhaven et de Dieppe ; le parrainage du festival Novembre en Normandie pour relier le Brighton Fringe aux petits villages normands… « Nous avons également piloté la toute première livraison logistique zéro carbone entre Dieppe et Newhaven pour prouver que le fret à travers la Manche est possible » précise Graham Precey.

Attentes et investissements

Aujourd’hui, si le projet se concrétise, il reste néanmoins quelques leviers à activer pour assurer son succès. En Normandie, l’équipe cherche notamment à attirer des sponsors pour assurer la qualité de l’événement. « Pour le moment, nous avons besoin de plus de participants du côté français et de sponsors pour l’accueil chaleureux des participants à Dieppe et à Gournay-sur-Bray le 2 juillet. Le budget prévu à cet effet est de 15 000 euros » précise Graham. « Un certain nombre de décisions logistiques doivent être prises, notamment des installations de recharge rapide pour les véhicules le long de l’itinéraire et des événements permettant aux participants de se reposer et de rencontrer le public » abonde Harrison Hughes, l’organisateur côté britannique.