Pourquoi est-ce dangereux ?
Personne ne peut oublier l’image saisissante des déchets plastiques flottant sur les mers du monde, ce fameux « 7ème continent » qui occuperait 1,6 million de km² dans l’océan Pacifique, ni même les plages souillées, ou les oiseaux malades… Outre sa production, nécessitant des ressources limitées et polluantes comme le pétrole et le gaz, le plastique a en effet la fâcheuse propriété de prendre des centaines d’années pour se décomposer, envahissant les sols et les eaux souterraines. Tous les ans, plus de 10 millions de tonnes de plastiques finiraient dans les mers et les océans, piégeant faune marine et contribuant au dérèglement climatique. A noter que 99% des déchets plastiques se décomposent in fine en microparticules au cœur des océans et selon des études récentes, les poissons ou oiseaux ne seraient pas les seuls à les ingérer : nous aurions l’équivalent d’une carte de crédit par semaine dans le corps !
Est-ce que le recyclage est possible ?
Oui, et heureusement ! Le recyclage du plastique consiste à collecter, trier et traiter les déchets plastiques pour les transformer en nouveaux produits : ce sont les fameuses poubelles jaunes de notre quotidien. Aujourd’hui, 65% des emballages en plastique sont recyclables comme les bouteilles, les flacons, les films des packs de bouteilles d’eau ou les boites de chocolat en poudre. On appelle ça le recyclage mécanique : les déchets plastiques sont broyés et fondus puis transformés en granules de plastique, qui servent ainsi à fabriquer de nouveaux produits, aux propriétés similaires à celles des plastiques vierges.
Le problème, c’est que tous les types de plastique ne peuvent pas être recyclés de la même manière, car leur constitution ou leur assemblage diffèrent selon les propriétés finales. Certains plastiques, tels que le PET (polyéthylène téréphtalate) utilisé dans les bouteilles d’eau et les récipients alimentaires, sont facilement recyclables, tandis que d’autres, comme le PVC (chlorure de polyvinyle), sont plus difficiles à recycler en raison de leurs propriétés chimiques. Les matières associant plusieurs couches ou différents plastiques sont également complexes à réutiliser. Sans parler du fait que certains types de plastique ne peuvent être recyclés qu’un certain nombre de fois avant de perdre leur qualité et d’être éliminés…
En outre, à part le PLA, « le bioplastique », les matières plastiques posent la question de leur impact carbone y compris lors de leur production, puisqu’ils sont faits en grande majorité à partir d’énergies fossiles, comme le pétrole et le gaz.
C’est quoi le PLA ?
Le PLA, ou Polylactic acid en anglais, est un polymère qui a deux propriétés intéressantes en fin de vie : il peut être composté de manière industrielle et disparaître au bout de trois mois, ou bien être recyclé pour refaire de l’acide lactique et donc finalement du PLA vierge. Son autre atout ? C’est qu’il est fait à partir de matières biosourcées, c’est-à-dire d’origine végétale. Il est issu notamment d’amidon de maïs, mais aussi de cannes à sucre, de blé, betterave, etc. On l’utilise généralement dans le packaging et les fibres mais également dans le cadre de l’impression 3D.
Quel avenir pour le plastique ?
Heureusement, devant l’urgence d’agir, des solutions se mettent doucement en place. En Normandie, il existe au moins deux projets qui permettront, à terme, d’atténuer ou limiter l’impact négatif du plastique sur l’environnement.
Le premier concerne le recyclage. Il nous vient du géant américain Eastman qui souhaite implanter la plus grande usine de recyclage moléculaire des plastiques du monde à Port-Jérôme-sur-Seine. L’objectif est de recycler chimiquement – on parle de méthanolyse – des déchets riches en polyesters aujourd’hui incinérés ou mis en décharge. Cette usine ne collecterait ainsi que les déchets plastiques difficilement recyclables, comme les emballages multicouches, les produits dégradés, avec additifs, ou encore les textiles et les fibres.
Le second concerne la production et le recyclage, à travers un plastique biosourcé, c’est-à-dire issu de matières renouvelables, à la différence du pétro-plastique. L’entreprise belge Futerro souhaite ainsi ouvrir en Normandie le premier site industriel au monde permettant de produire, transformer et recycler du bioplastique, le fameux PLA.
Un bioplastique qui a pour vocation de remplacer un grand nombre de plastiques d’origine pétrolière suivant les applications, avec par exemple, des propriétés similaires au PET ou polystyrène, utilisable dans l’emballage alimentaire ou le secteur des fibres. Le projet de l’entreprise belge prévoit la construction de trois usines intégrées qui permettront la production d’acide lactique – obtenu par fermentation à partir d’eau, de sucre et de bactéries -, sa transformation en PLA et le recyclage de ce même PLA en fin de vie, en vue de sa réutilisation. Après avoir envisagé plusieurs lieux, l’entreprise belge a choisi la Normandie et particulièrement le territoire de Caux Seine Agglo sur la zone de Port-Jérôme pour implanter son site industriel européen.