Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquaient en Normandie pour libérer la France et l’Europe du joug nazi. Un élément historique fondateur qui permet à la Normandie d’être connue à travers le monde. Si des initiatives telles que le Forum mondial Normandie pour la Paix ou encore le Prix Liberté permettent de ne pas oublier le passé et de transmettre des valeurs essentielles aux générations à venir, 79 ans après, le Débarquement du 6 juin résonne encore aujourd’hui dans les cœurs des jeunes et moins jeunes. Zoom sur quelques lieux ou événements à travers les ressentis spontanés de Normands expatriés.

De l’autre côté de l’Atlantique

Vétérans descendant un avion

Qui n’a pas entendu l’histoire de John Steele, le parachutiste américain accroché au clocher de Sainte-Mère-Eglise ? Comment, de manière générale, ne pas aborder le D-Day sans évoquer les États-Unis ? Chaque année, de nombreux touristes du nouveau monde font le déplacement jusqu’aux côtes normandes pour se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres ou compatriotes disparus. Expatriée à Atlanta, Virginie Feutry Durr, ambassadrice normande originaire de Caen a même réussi l’exploit d’organiser un vol Atlanta-Deauville pour des vétérans américains lors du 78ème anniversaire du Débarquement, l’année dernière. « Quand on écoute les vétérans, il y a une sagesse, une richesse, des histoires extraordinaires qu’il ne faut pas laisser mourir avec eux. » Au-delà de rendre hommage au passé, l’idée est de continuer à sensibiliser les jeunes générations. « La liberté n’est pas gratuite, il ne faut jamais l’oublier. » Un bel hommage émouvant et historique qu’elle a réitéré le 1er juin 2023, avec près de 40 vétérans à bord du Boeing 767 affrété pour l’occasion.

Un peu plus au nord, c’est à Québec que l’émotion transparaît, à travers les mots de Nicolas Paquin. Originaire de Damville, dans l’Eure, cet artiste de scène et écrivain s’est plongé il y a quelques années dans les récits de vie d’hommes du Québec partis volontairement lors de la Seconde guerre mondiale. Depuis lors, l’ensemble de sa démarche de création est axé sur leur mémoire. « Je crois fermement que la meilleure façon de rendre hommage aux Québécois qui ont souffert en Normandie en 1942 et 1944 est de tisser une amitié profonde et sincère entre nos deux sociétés. Par leur sang versé sur le sol normand, un lien puissant s’est scellé entre le Québec et la Normandie. Un lien puissant, mais complètement oublié dans ma province dont la devise est pourtant « Je me souviens ». Je n’aurai de cesse de faire avancer mes œuvres au Québec et en Normandie pour qu’un jour, tous sachent ce qui ne devait jamais être oublié. » Un objectif sans nul doute commun avec le Centre Juno Beach, l’un des lieux de mémoire incontournables sur le sol normand qui rend hommage aux 45 000 Canadiens qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale, dont 5 500 au cours de la Bataille de Normandie et 381 le « Jour J ».

De l’autre côté de la Manche

On le sait, le Royaume-Uni et l’Irlande entretiennent des liens précieux avec notre territoire, et notamment dans le contexte de la libération. On estime ainsi à près de 54 000, le nombre d’Anglais qui ont débarqué sur les plages normandes. Lieu de souvenir et de réflexion comme peuvent l’être le cimetière américain de Colleville ou encore le centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, le British Normandy Memorial a officiellement vu le jour après 6 ans de travail en juin 2021, sur la commune de Ver-sur-Mer, pour rendre hommage aux 22 000 britanniques disparus lors de la Bataille de Normandie. Un lieu nécessaire et l’aboutissement d’une vie pour les anciens combattants britanniques désireux de voir le sacrifice de leurs camarades reconnu à l’instar d’autres nations. Les générations futures sont également invitées à découvrir les lieux pour comprendre l’ampleur de ce qui s’est passé sur le territoire, ainsi que le rôle du Royaume-Uni dans la sauvegarde de la Liberté de l’Europe.

Infirmières à l'hôpital irlandais de Saint-Lô

Quant à l’Irlande, elle n’est pas en reste : « Quand on vit à l’étranger, on redécouvre souvent son pays par les yeux des personnes qu’on y emmène : j’ai refait tout le circuit du débarquement avec mon compagnon il y a quelques années, et ces visites m’ont rappelé à quel point le devoir de mémoire est important » explique Mathilde Berthillier, 48 ans, qui vit à Dublin depuis 2007. « Il est très important de mettre en avant les liens historiques entre l’Irlande et la Normandie » stipule à son tour Catherine Gagneux, Consule Honoraire de France en Irlande. Après avoir découvert à la radio l’histoire de l’hôpital irlandais installé à Saint-Lô après le Débarquement, cette ambassadrice réfléchit à célébrer les initiatives de paix et de dialogue autour du 6 juin. « J’ai parlé de cette fabuleuse histoire de solidarité à une télé locale, qui dépend d’une chaîne nationale et ils souhaiteraient en faire un téléfilm ou un documentaire… ».

Et ailleurs… ?

S’ils n’ont pas directement participé au conflit, certains pays ont l’occasion d’appréhender la résolution de ce conflit du 20ème siècle à travers les témoignages de l’Histoire ou la transmission de Normands expatriés…

C’est le cas, par exemple de Martial Plantrose : « Je vis en Italie et ici cette date ne signifie rien mais chaque année j’aime réunir mes apprenants et leur parler de cette identité normande construite aussi grâce au 6 juin. » Une date au potentiel émotionnel fort pour ce Caennais d’origine installé près de Milan depuis plus de 20 ans. « Nous avons tous des anecdotes relatives au 6 juin. Pour ma part je pense à ma grand-mère paternelle blessée lors du Débarquement par un éclat d’obus. Mais elle aimait les libérateurs. Cela marque aussi pour son mari, mon grand-père donc, le début de la fin de son STO en Allemagne, donc leur rencontre puis la naissance de mon père. Ensuite, nous avons tous grandi non loin d’une plage où petits nous jouions dans les blockhaus à marée basse. Nous sommes tous déjà passés près d’un cimetière et nous savons tous ce que nous devons à ceux qui s’y trouvent. » Une émotion et un respect également partagés par Bérangère Lesage-Ko, installée à Séoul, en Corée du sud depuis 2005. Là-bas, le 6 juin est une date symbolique : « c’est même un jour férié. Cette date honore les soldats et les civils morts pour le pays. » Si le conflit est différent, « pour moi, Normande, c’est le Débarquement et je me souviens toujours des célébrations à cette occasion. »

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